Le Mort qui tue – de Louis Feuillade – 1913
Après le rythme trépidant du film précédent, Feuillade lève un peu le pied avec le troisième épisode de son Fantômas. L’intrigue reprend là où l’a laissée : Fandor a survécu à l’explosion de la villa, mais le corps de Juve est introuvable. Le bandit, lui, s’est fait la belle, fomentant de nouveaux méfaits.
Pour le coup, Feuillade prend son temps cette fois, étirant la plupart des scènes. Il faut dire qu’en filmant le plus souvent en plans séquences fixes et larges, le cinéaste n’a pas les moyens de jouer avec le montage pour accélérer un rythme qui ne nous évite aucun détail anodin. D’où quelques longueurs dont on se serait bien passé.
Mais les cadres sont toujours intéressants, que ce soit le repère interlope d’une fourgue vieillissante, où l’appartement bourgeois d’un riche artiste. Ou surtout un passage obscur surplombant la Seine, où Feuillade nous offre un beau moment de suspense, d’une efficacité imparable.
Le Mort qui tue frappe avant tout par la violence du propos. Même si le rythme est plus posé, les crimes, eux, s’enchaînent, et ils sont brutaux. Le titre de la dernière partie donne le ton : « Les gants de peau humaine ». On n’en dira pas plus, si ce n’est que le titre est effectivement évocateur. Si la violence picturale reste limitée, le ton n’est pas à la guimauve pour autant.
Les grands films de Feuillade restent aussi précieux pour la vision qu’ils offrent de ce Paris d’un autre temps : celui de 1913. C’est le cas ici encore. Au détour d’une séquence de filature, on se réjouit de voir ces automobiles des premiers temps se croiser et se doubler dans un désordre manifeste. Une vision qui à quelque chose de franchement réjouissant.
La série des Fantômas, de Louis Feuillade
- Fantômas : à l’ombre de la guillotine
- Juve contre Fantômas
- Le Mort qui tue
- Fantômas contre Fantômas
- Le Faux magistrat
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