James Bond 007 contre Dr. No (Dr. No) – de Terence Young – 1962
Et c’est ainsi que tout commença, ou presque. Bien sûr, à la base du mythe, il y a les romans de Ian Fleming. Mais à la base seulement. Le véritable mythe, lui, est bien né avec ce Dr. No, premier d’une longue série de films (vingt-cinq au compteur officiel, tout juste soixante ans plus tard). On peut même être franchement précis sur l’instant où le mythe prend forme, un peu comme on peut dire à quel moment exact John Wayne est devenu une star (un travelling dans Stagecoach) : lorsque le visage de Sean Connery apparaît en gros plan après que la caméra lui a longuement tourné autour.
C’est la toute première apparition de l’agent 007 au cinéma. Et d’emblée, avec cette séquence qui reste fascinante, on sent que le personnage a été porté à l’écran avec la volonté d’en faire un mythe. Cette scène doit beaucoup à l’introduction du personnage de Bogart dans Casablanca. Elle annonce aussi dans l’esprit celle d’Indiana Jones dans Les Aventuriers de l’arche perdue. Dans tous ces cas, le personnage n’est d’abord dévoilé que par des détails : le geste d’une main, un plan de dos… Mais l’apparition du visage face caméra, elle, est bien tardive.
L’effet reste saisissant, parce que Sean Connery a ce charisme animal totalement fascinant, cette manière de jouer avec son regard, sa bouche et ses mains, qui est pour beaucoup dans la puissance que prend le personnage dès ce premier film. Etonnant aussi : le fait que tous les éléments du mythe soient déjà là. La silhouette de Bond dans une cible au début du film, le générique très stylisé, le « Bond… James Bond », les Bond Girls… Pour la chanson de générique, les gadgets et Q, on attendra un peu, mais l’essentiel est bien là.
Côté scénario, ce premier film est plus inégal. La première partie, qui flirte du côté du film de détective, est plutôt convaincante, et très rythmée. Le ton change en revanche dès l’arrivée sur l’île du grand méchant, premier repère secret d’une longue série, dont le gigantisme sied mal à la mise en scène de Young, efficace mais sans grand panache.
Qu’importe d’ailleurs. Dans cette seconde moitié du film, on n’a plus d’yeux que pour Ursula Andress, prototype inamovible de la parfaite Bond Girl, dont l’irrésistible apparition en bikini reste une image incontournable de la saga, qui sera citée ouvertement à deux reprises dans les années 2000 : par Halle Berry dans Meurs un autre jour, et par… Daniel Craig dans Casino Royale.
Forcément, la rencontre d’Ursula Andress et de Sean Connery, deux monuments du sex appeal, ne pouvait que faire des étincelles. La fausse innocence de la première et le cynisme dangereux du second ne jouant clairement pas la carte du réalisme, on se laisse volontiers entraîner dans cette aventure où tout est toujours un peu plus : plus spectaculaire, plus dangereux, plus séduisant, plus mystérieux. La naissance d’un mythe, ça ne se refuse pas.
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