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Rusty James (Rumble Fish) – de Francis Ford Coppola – 1983

Classé dans : 1980-1989,COPPOLA Francis Ford — 5 avril, 2022 @ 8:00

Rusty James

Very, very bad trip pour Matt Dillon, alias Rusty James. A peine sorti de Outsiders, grand film désenchanté sur une certaine jeunesse américaine, l’acteur reste pour Coppola l’incarnation de cette jeunesse paumée, condamnée par des rêves d’ailleurs qui n’ont pas de prise. A ceci près que, ici, les rêves eux-mêmes ne font plus même rêver.

Lorsque le film commence, Rusty James se prépare pour une baston comme on en faisait autrefois, sans trop y croire lui-même, traînant dans son sillage une bande qui n’a plus de bande que le nom. Il erre, avec le souvenir d’un grand frère disparu depuis quelque temps, qui était pour lui l’unique guide possible : une sorte de bad boy à l’ancienne, dernier survivant d’une ère de mauvais garçons à l’ancienne. Rien d’étonnant à ce que leur père soit incarné par Dennis Hopper, comparse de James Dean, image iconique qu’on ne peut pas ne pas invoquer.

Mais le grand frère réapparaît. C’est Mickey Rourke, plus marmoréen que jamais, le regard paumé, la voix basse, la dégaine désabusée. Un prince de la rue pour tous, presque une icône lui aussi, mais avant tout un type qui sort à peine de l’enfance, et qui paraît déjà usé par la vie, incapable de voir la vie autrement qu’en noir et blanc.

C’est d’ailleurs ainsi que Coppola filme son récit : en noir et blanc, avec une étrange froideur qui déstabilise d’abord, malgré le style hyper esthétisant qui évoque par moments le cinéma de Lynch. Mais cette froideur, cette distance, font bientôt sens : c’est le point de vue de Rusty James et de son frère, le Motorcyle Boy, qu’adopte Coppola. Et ce point de vue est totalement dépassionné, privé d’horizon.

En Californie, où il a fui un temps à la recherche d’un ailleurs, le Motorcycle Boy n’a pas même vu l’Océan. « Pour moi, la Californie est un rivage », s’étonne Rusty James. A la place, il n’a vu qu’un fantôme qui lui a renvoyé la perte déjà si lointaine de son innocence. « J’ai cessé d’être enfant à 5 ans », constate-t-il simplement.

Très différent d’Outsiders (et de Peggy Sue s’est marié, le troisième film que Coppola consacre à la jeunesse dans les années 80), Rusty James est l’un des films les plus personnels et ambitieux du cinéaste, par sa forme. C’est aussi l’un de ses plus désenchantés, et l’un des plus beaux. Et de Nicolas Cage à Dennis Hopper, en passant par Tom Waits ou Diane Lane, son film est plein de personnages inoubliables.

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