Les Ailes de l’espérance (Battle Hymn) – de Douglas Sirk – 1956
Le cinéma de Douglas Sirk frappe avant tout pour transformer le mélodrame, parfois le plus outré, en sublimes moments de grâce. Cette fois pourtant, la magie n’opère pas tout à fait. Peut-être parce que Sirk est un peu corseté par une volonté manifeste de ne pas trahir les protagonistes de cette histoire vraie, et encore récente : l’intrigue se déroule en 1950, et elle est introduite par un authentique officier.
Peut-être aussi parce que Sirk, pour qui la rédemption a toujours été un thème essentiel, et proche du mysticisme, ne fait pas que flirter avec l’idée d’une puissance supérieure : dès le générique de début, le mélange de patriotisme et de religiosité est clairement affiché. Il le sera encore plus ouvertement dans une poignée de séquences dramatiques, où l’idée même de divin semble dédouaner les hommes de toutes leurs actions. Un peu dur à avaler pour un athée.
Pas un très grand Sirk, donc. Mais un Sirk tout de même. D’un strict point de vue esthétique, on est même du côté des grandes réussites du cinéaste, dont on retrouve les images chaudes et la manière de filmer ses personnages au plus près, tout en les plaçant dans de (beaux) décors naturels. Avec un personnage taillé sur mesure pour le fidèle Rock Hudson, toujours impeccable.
Il est ici tout en mesure, et terriblement émouvant dans le rôle d’un pilote hanté par un bombardement au cours duquel il a détruit par erreur un orphelinat et tué trente-sept enfants, lors de la seconde guerre mondiale en Allemagne. Nous sommes désormais en 1950, et après avoir en vain tenté de se racheter en devenant révérend, le voilà qui rempile pour devenir instructeur en Corée, où la guerre est déclarée.
Mais l’homme vit toujours avec le souvenir de ces orphelins morts, qui pèsent lourdement sur sa conscience. Alors quand la base est « prise d’assaut » par des orphelins coréens, il décide de les nourrir, puis d’improviser un orphelinat avec l’aide de deux Coréens qui acceptent sans trop réfléchir de tout abandonner pour son projet…
Une histoire vraie, donc, avec son lot de scènes très émouvantes. De petits riens parfois, comme le regard de cette jeune bénévole énamourée qui comprend que cet Américain est marié. Ou le gamin, Tchou, qui se jette dans les bras de cet homme qu’il n’est pas loin de considérer comme son père.
Il y a aussi quelques séquences de batailles aériennes plutôt bien troussées, à défaut d’être renversantes. Les débats moraux du héros sont assez passionnants, mais l’émotion reste quand même le plus souvent ténue, tant le poids du mysticisme vient simplifier le propos. Le film flirte avec un manichéisme un peu rudimentaire, dont Sirk n’est pas vraiment coutumier. D’un autre cinéaste, on applaudirait sans doute. Mais c’est Douglas Sirk, et on sort frustré de ne pas être plus ému.
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