Don’t look up : déni cosmique (Don’t look up) – d’Adam McKay – 2021
Au départ : l’envie d’Adam McKay d’évoquer la crise climatique. A l’arrivée, une comédie d’un cynisme radical sur le déni climatique. Don’t loop up manque sans doute un peu de folie dans la forme. Pas sur le fond. Le scénario est quand même l’un des plus barrés, et l’un des plus riches de ces dernières années.
Tout commence par une découverte excitante pour une poignée d’astronomes : une doctorante (Jennifer Lawrence) et son professeur (Leonardo Di Caprio) ont découvert l’existence d’une énorme comète inconnue jusqu’à présent. Cidre et crackers pour tout le monde ! C’est toujours cool de pouvoir donner son nom à un rocher dans l’espace. Reste à calculer la trajectoire du truc, et là, c’est la douche froide. Six mois et quatorze jours : c’est le temps qui reste avant l’impact, direct et fatal, avec la terre. A la clé : l’extinction de toute forme de vie.
Heureusement, il reste suffisamment de temps pour expliquer la situation à madame la présidente des Etats-Unis (Meryl Streep), qui pourra sans grande difficulté faire ce qu’il faut pour faire exploser la comète « tueuse de planète ». Sauf que la grande dame est plongée en plein scandale, et qu’elle ne pense qu’aux sondages. Quant à la star des médias (Cate Blanchett), elle craque sur le sexy scientifique, mais blackliste l’hystérique lanceuse d’alerte, tout sauf glamour. Manquait plus que le grand capital… Il s’en même, sous les traits d’un richissime magnat des nouvelles technologies (Mark Rylance) qui voit tout le potentiel qu’il peut tirer de la situation.
Bref. On n’est pas dans la merde… Et on voit bien le glaçant parallèle avec la crise climatique, le déni écologique de notre époque. Dans cette débâcle, c’est des détails que viennent les sourires. De l’obsession de Jennifer Lawrence pour la mesquinerie de ce haut responsable de la NASA qui s’est fait rembourser des grignotages qui étaient gratuits. Des horreurs (« il est d’une autre époque ») débitées par un Ron Perlman en pseudo sauveur de l’humanité. Ou de l’irrésistible arrogance (ou est-ce de la stupidité?) d’un Jonah Hill, génial en chef de cabinet de sa mère de présidente.
Adam McKay filme ça avec la légèreté d’une comédie, oui, mais sans pour autant sacrifier les enjeux dramatiques, évidemment immenses. Don’t look up prend ainsi les attraits d’un vrai film apocalyptique, poignant, critique acerbe et tous azimuts de notre époque (politiques, réseaux sociaux, médias, capitalisme… tout en bloc), et ode bienveillante à la beauté des choses simples. Entre deux rires grinçants, le film révèle même une belle profondeur. Et avec un casting proprement hallucinant, ce qui ne gâche rien (on n’a pas encore cité Timothée Chalamet, Ariana Grande, Michael Chiklis ou Paul Guilfoyle…). Un rien trop sage, mais réjouissant, et assez glaçant.
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