La Vache et le prisonnier – de Henri Verneuil – 1959
Il y a du bon dans la qualité française, tant décriée par les jeunes loups de la Nouvelle Vague. Le film de Henri Verneuil est sorti la même année que Les 400 coups et A bout de souffle. Forcément, dans ce contexte, il a des allures de relique d’un autre temps. Mais la nouvelle génération de cinéaste n’étant pas l’alpha et l’oméga du 7e Art, on peut juste constater que La Vache et le prisonnier est un film qui ne révolutionne rien, mais qui se regarde toujours avec un authentique plaisir.
Fernandel y trouve l’un de ses rôles les plus fameux, celui d’un soldat français coincé depuis de longs mois avec trois congénères avec qui il ne partage rien, si ce n’est le quotidien d’une ferme allemande où ils sont consignés dans le cadre du STO. C’est la première particularité de ce film hyper populaire en son temps (et pour les générations qui ont suivi) : filmer le quotidien de ces prisonniers de guerre que l’on envoyait prêter main forte dans les fermes, les usines ou les scieries d’Allemagne.
L’autre particularité, c’est le rythme imposé par l’idée étonnante au cœur du récit : pour rejoindre la France en toute discrétion, le personnage de Fernandel choisit de se faire accompagner par une vache, alibi parfait pour tromper la vigilance des soldats allemands, et dont il adopte l’allure forcément nonchalante. Ce rythme si particulier est pour beaucoup dans la réussite du film, l’odyssée de Fernandel étant un périple bourré de temps morts, de demi-tours et d’attentes.
Le résultat est un film profondément attachant, aussi loin de la noirceur de La Traversée de Paris que de la farce de La Grande Vadrouille, deux références auxquelles le film de Verneuil renvoie instinctivement. Du cinéma de papa ? Oui, mais papa aussi savait faire de bons films.
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