Les Rodeurs de l’aube (Rage at dawn) – de Tim Whelan – 1955
Un peu mal fichu, mais souvent très original, ce western porté par Randolph Scott. Original, notamment parce que la star n’apparaît qu’après un tiers du film, après une longue partie quasi-exclusivement consacrée aux grands méchants : les frères Reno, figures historiques (forcément très romancées), précurseurs des James, des Younger ou des Dalton. C’est un carton d’inauguration qui le précise, inscrivant d’emblée le film dans une longue tradition westernienne consacrée aux vrais visages de l’Ouest… à la sauce hollywoodienne.
Scott, ici, est un agent secret chargé d’infiltrer la bande des Reno, et qui tombe amoureux de leur jeune et charmante sœur. Pour le côté documentaire, on repassera. Pour l’efficacité pure en revanche, on est plutôt comblé. Tim Whelan (obscur réalisateur qui aurait participé au tournage du dernier Laurel et Hardy à la triste réputation, Atoll K) est certes un cinéaste très inégal, y compris au sein d’un même film, capable d’enchaîner trois scènes plan-plan avant d’avoir un éclair de génie, mais il fait le job plutôt efficacement. Il signe un honnête western qui se regarde avec un plaisir constant, et avec un enthousiasme intermittent.
Ce n’est pas tant dans l’action pure que Whelan fait des étincelles : elle est rare et un peu molle. Mais à quelques moments, il se révèle un metteur en scène inspiré et original. Une scène, surtout, réveille l’intérêt après une première partie en demi-teinte : l’interrogatoire de Randoph Scott qui, assis sur une chaise au milieu du cadre, regarde avec un sourire amusé ses geôliers tourner autour de lui dans un étrange ballet, ironique.
Il y a comme ça une poignée de plans qui donnent un ton différent au film. Pas tout à fait suffisant pour en faire une grande réussite, c’est vrai. Mais il faut aussi reconnaître que le jugement du film que l’on peut en avoir aujourd’hui est biaisé par la vision tronquée qu’il en reste, après que l’image a été rabotée il y a quelques décennies pour mieux passer à la télévision. Comme beaucoup de westerns désormais invisibles dans leur version originelle. Même dans ces conditions, Rage at dawn a bien des qualités.
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