Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour le 1 décembre, 2021

Terje Vigen (id.) – de Victor Sjöström – 1917

Posté : 1 décembre, 2021 @ 8:00 dans 1895-1919, FILMS MUETS, SJÖSTRÖM Victor | Pas de commentaires »

Terje Vigen

En 1917, Sjöström n’est pas un débutant : il a déjà une quinzaine de longs métrages à son actif, qui ont déjà fait de lui le plus grand cinéaste suédois de sa génération. L’un des plus grands de l’histoire d’ailleurs. Mais il n’a pas encore la carrure internationale que ce Terje Vigen allait lui apporter : une production inhabituellement ambitieuse, l’adaptation d’un long poème du Norvégien Henrik Ibsen, et surtout un chef d’œuvre très en avance sur l’immense majorité des films de cette période.

Car en 1917, le cinéma reste très majoritairement tâtonnant, peaufinant peu à peu l’art de la mise en scène et du langage cinématographique dans le sillage de quelques visionnaires, dont on retient surtout les chefs de file américain, Griffith ou De Mille. C’est un peu vite oublier le reste du monde, bien sûr. Et Sjöström, comme Murnau un peu plus tard, allait en remontrer aux grands noms hollywoodiens, souvent pris en modèle, avant de s’imposer lui-même dans la capitale du cinéma (à partir de Larmes de clown, en 1924).

C’est avec ce Terje Vigen que Sjöström a commencé à taper dans l’œil des Américains. Parce que le cinéaste maîtrise alors déjà parfaitement son art : un sens du cadre, une manière de faire naître la tension ou l’émotion de la lumière et du contre-jour, et de filmer ses personnages dans leur environnement. La mer en l’occurrence, omniprésente, presque de chaque plan, un personnage à part entière, à la fois refuge et source de danger.

Oui, la longue séquence finale dans la tempête peine à convaincre, parce qu’on a du mal à y voir une tempête justement. Le cinéma reste un art très jeune, et on ne parle pas encore d’effets spéciaux. On excuse donc facilement à Sjöström et à son équipe de ne pas avoir réellement risquer leurs vies en tournant dans une vraie tempête. Mais quand même, la mer semble bien calme pour rendre palpable le danger immédiat.

Mais il y a le rythme aussi, implacable et novateur. Le récit est vif et plein de rebondissements, dignes d’un serial. Mais Sjöström choisit le plus souvent de prolonger ses plans juste un peu trop , créant ainsi un suspense, une tension, une panique même, par moments. Une dimension tragique en tout cas, qui trouve son apogée lors de la poursuite en canots, où la fuite désespérée de Terje Vigen (Sjöström lui-même) est mise en parallèle avec ses poursuivants anglais implacables, avec des gros plans sur les bras de l’un et des autres ramant de toutes leurs forces.

Les quelques minutes qui suivent, où les soldats anglais traquent leurs proies en scrutant la surface de l’eau autour de leur embarcation, sont d’une force et d’une intensité incroyables. Une force que l’on ressent de la première à la dernière image. Sjöström a longtemps hésité avant de porter à l’écran l’œuvre d’Ibsen. En adaptant Terje Vigen, l’histoire d’un marin suédois dont la famille est une victime collatérale des guerres napoléoniennes, il signe un chef d’œuvre, et s’impose comme un immense cinéaste international.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr