Zouzou – de Marc Allégret – 1934
Aimable curiosité, dirons-nous, que ce film qui hésite constamment entre le drame amoureux et l’opérette. Curiosité que l’on retient avant tout pour la rencontre inattendue, et forcément historique, entre une Joséphine Baker au sommet de sa popularité, et un Jean Gabin en pleine ascension : Zouzou s’inscrit entre deux films de Julien Duvivier (Maria Chapdelaine et Golgotha).
Avec Joséphine Baker et Gabin, venu lui-même du music-hall, on pouvait s’attendre à un festival de numéros chantés et dansés. Pourtant, à de rares exceptions près (une chouette chanson dans un bal pour Gabin, surtout), il faut attendre les vingt dernières minutes pour que le film se transforme en une quasi-comédie musicale. Changement assez abrupt et radical, qui expédie un peu vite le triangle amoureux plein de promesses.
Le drame amoureux, donc… Baker et Gabin sont jumeaux. Si si. Enfin presque : c’est leur père d’adoption qui l’affirme, joli rôle pour l’indispensable Pierre Larquey en homme de cirque vieillissant. Mais en grandissant, la sœurette tombe amoureuse du frérot, ce dernier ne gardant pour elle qu’une profonde affection fraternelle. Oups. On ne peut pas dire que cette trame tienne ses promesses hélas, si ce n’est une dernière image assez belle, vision douce-amère du triomphe de l’artiste.
On ne peut pas dire non plus que les numéros musicaux soient transcendants, tentative un peu maladroite de s’inscrire dans la lignée d’un Busby Berkeley. Mais il y a une chose qui tire vraiment le film vers le haut, c’est la qualité des décors, signés Alexandre Trauner : à la fois ceux d’un Paris populaire en avance sur le réalisme poétique, et ceux du show musical où triomphe Joséphine Baker, franchement impressionnants. Ça, et le plaisir de découvrir un Jean Gabin encore tout jeunot, même si ce Zouzou est clairement en retrait par rapport à d’autres de ses films de jeunesse : Cœur de Lilas, La Belle Marinière ou Le Tunnel.
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