The Pitch o’chance (id.) – de Frank Borzage – 1915
Même dans cette petite bande westernienne, soumis aux codes incontournables du genre, Borzage est un réalisateur intéressant. Déjà, doit-on ajouter, parce qu’avec ce film de jeunesse, l’un de ses tout premiers travail derrière la caméra après de brefs débuts en tant qu’acteur, le romantisme du cinéaste est déjà là, omniprésent.
Il est toujours devant la caméra aussi, jeune premier jouant le rôle principal, celui d’un parieur invétéré qui gagne, à la suite d’un pari improbable, la compagne d’un joueur très installé dans la ville. Aidé, il est vrai, par la main agile de la rivale de ladite compagne, qui aimerait gagner le cœur dudit joueur. Une histoire presque classique déjà de rivalité qui finira dans un bain de sang… Les grandes figures du western ont été posées très tôt.
Mais c’est Borzage, et ça se sentà des tas de niveaux. D’abord par la joyeuse insouciance qui se dégage de son propre personnage, pauvre hère visiblement heureux de son sort modeste. Puis par le tour que prend la rivalité entre les deux jeunes femmes. « Toi tu as peur de lui… Moi je l’aime », lance la rivale délaissée, avant d’enlacer la compagne officielle.
C’est beau, déjà, du Borzage. Beau et vrai, avec un rythme imparable et une manière d’utiliser le décor, que ce soit un saloon bondé ou de grands paysages vallonnés et déserts… De cette variété de décors, Borzage sait tirer la matière dramatique, avec une aisance déjà confondante. Ces bandes westerniennes des premiers temps étaient souvent tournées à l’arrache, avec de grosses ficelles et des effets faciles. The Pitch o’chance laisse déjà apparaître le talent naissant mais déjà réel d’un immense cinéaste.