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Jenny, femme marquée (Shockproof) – de Douglas Sirk – 1949

Classé dans : * Films noirs (1935-1959),1940-1949,SIRK Douglas — 30 octobre, 2021 @ 8:00

Jenny femme marquée

Qu’il soit dans sa période allemande, dans sa première période américaine, ou dans son âge d’or hollywoodien, Douglas Sirk est un cinéaste enthousiasmant. C’est dit. Bien sûr, il y a les mélodrames, sublimes et indispensables. Il y a aussi une poignée de comédies, un western même, et quelques films noirs précieux. Jenny, femme marquée n’est pas un film parfait. La conclusion, sans rien en dévoiler, est quelque peu tirée par les cheveux. Mais quand même, résumons ça en une formule : c’est une merveille.

Le couple au cœur de l’histoire est assez original, mais pas totalement révolutionnaire sur le papier : une jeune femme qui sort de prison, et qui rencontre son officier probatoire. Lui est un homme droit aux principes immuables. Elle est une femme au passé difficile, fidèle à un amant pour qui elle s’est sacrifiée, mais qui l’a attendue pendant toutes ses années derrière les barreaux. Bref, tous les oppose, et forcément, ils vont tomber amoureux.

A se borner à raconter l’histoire, on ne trouverait rien, strictement rien, qui n’aurait déjà été filmé au cinéma. On retrouve ce thème de la chute sociale propre au film noir, l’impossibilité aussi d’avoir une seconde chance après avoir été « marqué » par la justice. De tour à Je suis un évadé, la filiation est aussi longue qu’exceptionnelle. Pourtant, Sirk signe un film aussi fort que singulier, et c’est dans les détails que ça se joue.

La première rencontre entre l’officier, joué par Cornel Wilde, et l’ex-prisonnière, Patricia Knight, est déjà d’une justesse magnifique. La raideur de la justice face au désespoir d’une jeune femme sortie trop brutalement de ses rêves d’enfants, qui réalise que son cauchemar n’a pas de fin, quel que soit le visage qu’il arbore. D’un beau scénario coécrit par Samuel Fueller (qui signe cette même année son premier film de réalisateur, J’ai tué Jesse James), Sirk tire un film d’une vérité rare, qui ne tombe jamais dans les sentiments faciles.

On sent bien que l’histoire d’amour va se développer, mais le chemin est long, et tortueux. Et Sirk évite consciencieusement l’habituel combat entre le bien et le mal, deux notions très hypothétiques et très surévaluées : c’est à mi-chemin que ces deux là vont se rencontrer, une fois qu’elle se sera débarrassée de son mauvais ange, et lui de ses principes désuets. Beau, puissant, et aussi très triste mine de rien, tant les idéaux ou les rêves de jeunesse tiennent la dragée haute à l’amour, même si on y glisse un grand A.

Sirk évoluera sur le sujet, mais sans rien renier de cette vision-là, d’une acuité et d’une beauté déjà renversantes. Et qu’importe la fin, tellement expédiée qu’elle laisse à peine une vague marque de persistante rétinienne. Pas de quoi gommer la force de ce film noir romantique et authentique, qui vous prend aux tripes, avec sincérité et une force que le désespoir lattant n’entame jamais vraiment. Même avant ses très grands films, Sirk signait de grands films. C’est beau.

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