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Ville sans loi (A Lawless Street) – de Joseph H. Lewis – 1955

Classé dans : 1950-1959,LEWIS Joseph H.,WESTERNS — 20 octobre, 2021 @ 8:00

Ville sans loi

Sur le papier, Ville sans loi est un western de série B comme beaucoup d’autres : l’histoire d’un shérif à la réputation de fin tireur, fatigué de devoir affronter d’autres fines gâchettes venues pour le tuer. Mais le film n’est pas réalisé par un vulgaire tâcheron qui se contenterait d’enfiler les morceaux de bravoure. Oh ! Des morceaux de bravoure, il y en a bien, notamment une bagarre homérique à mains nus, et une poignée de duels au pistolet qui ont de la tenue.

Mieux que de la tenue, même : de l’audace, du style, et une intelligence de la mise en scène et du récit. Trois duels secs et tendus, tous très différents, et tous importants pour la dramaturgie. Bref, c’est un vrai travail de mise en scène que signe là Joseph H. Lewis, petit maître de la série B qui se révèle ici aussi à l’aise avec le western qu’avec le thriller, son genre de prédilection avec de petits classiques comme Le Démon des armes ou Association criminelle.

Dès les premiers plans, Ville sans loi surprend par l’attention apportée aux gestes, aux petits détails. La manière dont Lewis introduit son personnage principal, le shérif interprété par Randolph Scott (toujours impeccable), est remarquable de précision. On le découvre dans sa chambre, ajustant son ceinturon vide avant de récupérer son pistolet sous son oreiller, et d’empoigner son étoile, posée à côté d’une photo de femme. En quelques images toute simple, la personnalité de Scott, homme aux aguets et hanté par le souvenir d’un amour disparu, est plantée.

La suite est à l’avenant, et Lewis ne cesse de marquer des points avec ce mélange de sécheresse de style et d’intelligence de mise en scène. Il donne de l’importance et du corps à des seconds rôles habituellement simplement utilitaires : la maîtresse du bad guy, le brave médecin, ou le frère d’un homme tué par le shérif, personnage de brute aussi étonnant qu’attachant. Il se permet de faire disparaître son personnage principal pendant près de 15 minutes (pour un film qui en fait 75), le transformant en une sorte de fantôme qui réapparaît d’abord hors champs, comme un spectre qui ramène le silence dans une ville livrée à la violence… Un final fascinant qui inspirera sans doute durablement Clint Eastwood, qui fera de ce retour spectral un élément de plusieurs films, de L’Homme des hautes plaines à Pale Rider en passant par Le Retour de l’Inspecteur Harry.

Randolph Scott retrouvera Joseph H. Lewis pour un autre western l’année suivante (La Mission du capitaine Benson), juste avant d’entamer sa fructueuse collaboration avec Budd Boetticher. Minéral et fragile à la fois, il y dévoile une humanité touchante, qui n’est pas non plus étrangère à la réussite de cet enthousiasmant film de genre.

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