Les Assassins de l’ordre – de Marcel Carné – 1971
Marcel Carné, dans la dernière partie de carrière de Marcel Carné, signe un pur film « dossier de l’écran » : un film à thèse, un film engagé. Bref, un objet aux antipodes du réalisme poétique de sa grande période. Visuellement déjà, à quelques séquences près (le tout dernier plan notamment, sobre et puissant), on sent bien que Carné a abandonné toute ambition, au profit du message, un peu lourdement admonesté.
Le film est adapté d’un roman de Jean Laborde, grand chroniqueur judiciaire ayant couvert la plupart des grands procès du XXe siècle. Autant dire que le gars sait de quoi il parle, et qu’il connaît la machine judiciaire par cœur. Sur ce point, Les Assassins de l’ordre est d’ailleurs assez convaincant. Il l’est un peu moins dans sa démonstration, les tirades éclairées du juge d’instruction joué par Jacques Brel contre les violences policières sonnant d’une manière aussi sincère que naïve et grandiloquente.
C’est donc le thème du film : la dénonciation des violences policières, après une longue séquence d’introduction plutôt glaçante. Sans doute la démonstration aurait gagné en force à ne pas rajouter du machiavélisme à une affaire d’abord montrée comme dramatiquement banale : à la bavure policière s’ajoute bientôt une espèce de machination à grand renfort de menaces et de pressions.
Un suspect, donc, un peu vite condamné par les flics qui l’embarquent (dont le commissaire, interprété par un Michael Lonsdale toute en retenue glaçante), et que l’on retrouve mort après un interrogatoire musclé. Et un juge d’instruction (Brel, donc, souvent convaincant, toujours convaincu) qui, contre toute attente, transforme l’enquête en une véritable croisade, allant jusqu’à citer Don Quichotte.
Alors oui, Le Jour se lève, Hôtel du Nord, Drôle de Drame… atteignent des sommets mille fois supérieurs à ces Assassins… Oui, mais à quoi bon comparer, finalement ? Carné n’est clairement plus le même cinéaste, les temps ont changé, le cinéma aussi. Dans son registre, alors très en vogue, du film à thèse, c’est un film plutôt recommandable. Ce qui, admettons le, n’est pas la conclusion la plus enthousiasmée qui soit.
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