Les Galettes de Pont-Aven – de Joel Seria – 1975
Cul-te. Voilà, c’est fait. Est-il possible d’évoquer Les Galettes de Pont-Aven sans accoler au film ce mot-valise ? Culte, et cul. Voilà généralement ce qu’on retient du film de Joel Seria. C’est assez exact, c’est aussi assez incomplet. C’est oublié surtout que derrière l’histoire de ce quadragénaire obsédé par le cul, il y a le portrait d’un homme entre deux âges qui étouffe dans sa vie de petit voyageur de commerce, marié à une femme froide et austère, qui passe sa vie sur les routes de France à tenter de placer des parapluies.
L’obsession du cul parfait, cette ivresse à côtoyer des culs fermes, des culs de vraies femmes… C’est en quelque sorte un homme qui voit que sa vie est une impasse, et qui se raccroche à ses idéaux de jeunesse. Le cul, quoi. Dans le rôle, Jean-Pierre Marielle est exceptionnel. Le film, à vrai dire, ne vaut vraiment que pour lui, pour sa manière si candide d’éructer des insanités, pour cette innocence incroyable face au corps des femmes et au sexe.
Un vrai festival Marielle, réjouissant et ingénu d’une certaine manière. Le film d’une époque aussi, celle, encore, du mâle triomphant. Sur sa route, Marielle croise une galerie de personnages gratinés, notamment un Bernard Fresson abject de vulgarité en jouisseur machiste et brutal, qui fait passer Marielle pour un doux féministe. L’image de la femme, quand même, reste celle des années 70, souvent filmée à hauteur de cul, dans un geste joyeusement amoral.
Le désir, le plaisir et la volonté des femmes ne comptent pas vraiment, si ce n’est comme un moyen pour l’homme de toucher à une forme de plénitude. Séria, décomplexé et inspiré, trouve en Marielle l’interprète idéal. Il dégomme au passage l’hypocrisie des bien-pensants, religieux en tête, dans un joyeux jeu de massacre dont personne ne sort vraiment indemne. Une ode au cul des femmes et au bonheur des hommes.