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Dédée d’Anvers – d’Yves Allégret – 1948

Classé dans : * Polars/noirs France,1940-1949,ALLEGRET Yves — 7 octobre, 2021 @ 8:00

Dédée d'Anvers

On jurerait que Gabin se niche quelque part, prêt à sortir de la brume qui baigne ce quartier si désespéré du port d’Anvers. Il y a dans Dédée d’Anvers, le chef d’œuvre d’Allégret, toute une tradition du cinéma français d’avant-guerre : une manière de filmer ces ruelles et ces zones désertées en en magnifiant la dimension dramatique, une manière d’associer la beauté et la poésie des images, et une extrême dureté de ton.

Il y a dans Dédée d’Anvers des plans d’une beauté extraordinaire, des décors envoûtants, qui ne cachent rien de la crasse et de la misère, mais qui les transforment en une sorte d’incarnation esthétique. Les pavés, l’humidité, le froid, la vétusté des bâtiments, glauques et sublimes à la fois, dans des plans qui sont autant de tableaux remarquablement construits.

Cette hyper-esthétisation n’atténue en rien la violence du propos. Le personnage principal joué par Simone Signoret est une prostituée qui vit dans la terreur de son mac, violent et odieux, dont Marcel Dalio incarne à merveille le pathétique. Elle est sublime, Signoret, avec ses illusions perdues et cet espoir qui renaît au moment le moins propice : une bagarre de rue, d’une violence ahurissante, à laquelle elle assiste avec un plaisir pas même dissimulé, et au cours de laquelle une porte s’ouvre sur… l’espoir.

Mais on le sent bien, l’espoir de Dédée ne vaut guère mieux que celui du déserteur de Quai des brumes. Et le pathétique Dalio ressemble étrangement au pathétique Brasseur du film de Carné. Dédée d’Anvers n’en est pas une copie pour autant. Allégret y dévoile un talent immense pour mettre en scène la bonté, l’empathie : la solidarité des prostituées, les regards échangés par le couple naissant (superbes), et le patron du club, ton sec et grand cœur.

Dans ce rôle plus en retrait que celui de Dédée, Bernard Blier est exceptionnel, d’une bonté et d’une intensité folles. Le duo qu’il forme avec Simone Signoret (qu’Allégret épouse cette année là) est tellement réussi que le cinéaste le reformera pour Manèges deux ans plus tard. Son autre chef d’œuvre.

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