Jane got a gun (id.) – de Gavin O’Connor – 2015
La production de ce western, chaotique, avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque : désertion de la réalisatrice attachée au projet au début du tournage (Lynne Ramsay), valse-hésitation des acteurs… Fiasco annoncé, le genre de films que l’on enterre avant même de les voir. Et au final : un western qui ne révolutionne rien, mais qui s’inscrit très honorablement dans une longue et belle tradition.
Natalie Portman, à peu près l’unique rescapée du projet originel, trouve l’un de ces rôles forts de femmes qui apparaissent de loin en loin dans l’histoire du western. Une femme forte, qui prend les armes lorsque son mari revient criblé de balles, un gang de bandits à ses trousses. Pourquoi sont-ils à ses trousses ? D’où vient la force de cette femme, cette propension si naturelle à s’emparer d’un fusil, ce regard si déterminé ? On se dit pendant un bon tiers du film qu’on n’en saura rien, et ça semble très bien ainsi.
Dans cette première partie, le film de Gavin O’Connor est une épure admirable, une sorte de huis-clos étouffant dans d’immenses paysages poussiéreux. Un western de l’attente, taiseux et tendu, d’une simplicité extrême. La caméra d’O’Connor capte la lumière aveuglante, la chaleur qui écrase tout. L’histoire, dépouillée de tout background, semble se limiter à une simple lutte pour la survie, les sentiments à des émotions absolues.
Puis viennent des flash-backs, qui se suivent au fil des souvenirs de Natalie Portman, rejetant toute logique chronologique systématique. Et c’est une belle idée de scénario, même si ces flash-backs ont tendance à estomper l’originalité du film. Mais ils donnent une force grandissante aux rapports entre Natalie Portman, parfaite, et son ancien fiancé, joué par un Joel Edgerton formidable, intense et émouvant.
Du côté des bonnes surprises, retenons aussi le méchant en chef, interprété par un Ewan McGregor totalement méconnaissable, qui semble beaucoup s’amuser à jouer les caméléons. Difficile en revanche de défendre la fin du film, qui vient balayer en quelques minutes la belle gravité de ce western simple et modeste, par ailleurs très réussi. Jusqu’à 10 minutes du générique.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.