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La Garce (Beyond the forest) – de King Vidor – 1949

Classé dans : 1940-1949,VIDOR King — 3 octobre, 2021 @ 8:00

La Garce

Un rôle taillé pour Bette Davis : une superbe salope, une femme aigrie, manipulatrice, calculatrice… et pourtant si humaine. La Garce, film méconnu du grand King Vidor, doit beaucoup à l’interprétation de l’actrice, qui sait plus que toutes ses consœurs ne pas se mettre en valeur, donner à son visage une dureté, une méchanceté même qui la rendent par moments ouvertement laide.

Elle est pourtant sexy, étonnamment plantureuse même, dans ce rôle de provinciale qui étouffe à trop rêver d’ailleurs : de la grande ville, de la fortune, d’une vie facile. Décolletés plongeant sur une peau mate et moite, longs cheveux d’un noir profond, elle renouvelle une fois encore son emploi de garce, dont on découvre la duplicité dès les premières minutes.

Une femme mesquine qui étouffe dans une ville trop provinciale pour elle. On se dit qu’on a déjà vu ça cent fois. Mais Vidor est aux manettes, et il nous surprend dès les premières images, succession de plans nous dévoilant le décor, une ville sans charme et totalement déserte, dominée par les hauts fourneaux d’une scierie dont les bruits en arrière-plan semblent renforcer la chaleur accablante.

Une voix off présente les lieux, le personnage principal, Rosa, que l’on découvre… sur le banc des accusés d’un procès pour meurtre, auquel toute la ville assiste. Puis un long flash-back, et plusieurs hommes (dont le mari, impeccable Joseph Cotten), dont on se demande lequel sera la victime. Dans la construction du récit comme dans l’atmosphère de cette petite ville industrielle, le film surprend et séduit. Mais c’est bien le personnage de Bette Davis qui lui donne son poids.

Détestable, odieuse… et pourtant touchante, tant elle est pathétique quand, enfin, elle se rend en ville, et s’en trouve cruellement rejetée : par l’homme qu’elle croit être sa porte de sortie, par ses secrétaires, les gens qu’elle croise, et même ce bar dans lequel elle cherche un abri. Interdit aux femmes non accompagnées… La manière dont Bette Davis sort de ce bar, les épaules basses, est bouleversante.

Rien ne la rachète, pourtant. Mais King Vidor n’accable pas. Le scénario s’en charge. Lui préfère filmer sa chute inexorable, ce rêve qui explose en vol. Bette Davis est superbe dans le rôle de cette femme dont la jeunesse s’effrite (l’actrice a dépassé la quarantaine, et paraît dix ans de plus dans certaines scènes) et qui se noie dans cette vie d’attente frustrée. Grand numéro d’actrice, dans un film à redécouvrir.

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