Hotel by the river (Gangbyun hotel) – de Hong Sang-soo – 2018
Un hôtel au bord d’une rivière, comme enveloppé dans un paysage de neige. Là vit depuis quelques jours un poète sexagénaire qui convoque ses deux fils, persuadé que sa mort est proche. Dans une autre chambre, une jeune femme qui se remet difficilement d’une déception amoureuse, et qu’une amie retrouve, elle aussi en souffrance…
Hong Sang-soo filme ses personnages comme dans un cocon, entre deux états, une espèce de quiétude cotonneuse et parfois douloureuse, où il n’y a plus de place que pour les personnages eux-mêmes. A l’exception de l’employée de l’hôtel, pas le moindre second rôle, pas la moindre silhouette ne vient troubler cette sensation d’être dans une sorte de rêverie éveillée.
Hong Sang-soo n’est pas un cinéaste spectaculaire. Il n’est pas non plus un auteur, semble-t-il dire en dressant le portrait de l’un de ses personnages, lui-même réalisateur « qui fait ce qu’il peut ». Il a en tout cas des obsessions, une manière de faire se répondre et s’enrichir les situations, les personnages, entre qui il crée plus de parallèles que de liens véritables.
Le père et ses fils d’un côté, les deux jeunes de l’autre. Entre eux, des chemins qui se croisent, des occasions ratées ou à peine effleurées… Comme si, à l’heure du bilan, il n’était plus question d’espérer ou de construire quoi que ce soit de neuf. Hotel by the river est fait de petits riens : beaucoup d’attente, beaucoup d’assoupissements même, de longues discussions autour du choix d’un prénom, ou du rapport d’un jeune homme avec les femmes…
Hong Sang-soo crée le sentiment non pas de la légèreté, mais d’une certaine indolence, voire de la dérision. Il y a pourtant, toujours, une vraie gravité. Tous les personnages, chacun à leur manière, sont à la fin de quelque chose. De leurs retrouvailles se dégage une émotion d’abord feutrée, puis puissante, intense, et même violente. On sort de cet hôtel le ventre noué, et sincèrement bousculé, comme tiré d’un rêve qu’on aurait voulu ne pas quitter.