Indiscrétions (The Philadelphia Story) – de George Cukor – 1940
Magique. Tout simplement magique, le mouvement que donne Cukor à cette merveilleuse comédie du remariage. Sommet de la comédie de l’âge d’or, chef d’œuvre, un film à peu près parfait. Que peut-on même ajouter à ça ?
D’où, quand même, vient que Indiscrétions est à ce point une réussite exceptionnelle. Après tout, Cukor aborde un genre qu’il connaît très bien, celui de la comédie sophistiqué. Katharine Hepburn incarne une héritière un rien hystérique qui rappelle sa collaboration avec Howard Hawks. Cary Grant à ce mélange de raffinement et de faux détachement qui lui va si bien. James Stewart trouve l’un de ces rôles qu’il connaît par cœur, où il met maladroitement le pied dans un monde qui n’est pas le sien… Bref : un film presque routinier, sur le papier.
Alors peut-être est-ce la convergence de tous ces talents au sommet de leur talent, chacun atteignant l’apogée de ce qui le caractérise le mieux. Mais Indiscrétions est un chef d’œuvre qui domine ce genre alors très en vogue. Un film qui atteint un équilibre parfait de la première à la dernière image, dans un mouvement totalement irrésistible.
Hepburn, donc, riche héritière sur le point de se remarier avec un parvenu guère séduisant (Cukor semble quand même très attaché à une certaine forme de noblesse, gentiment patriarcale). Son ex Cary Grant qui débarque dans la fête pour réveiller les consciences, embarquant avec lui un grand benêt de journaliste à scandale (Stewart) et sa photographe qui n’a de lieu que pour lui.
Ces personnages se croisent, avec une légèreté qui n’est finalement qu’apparence. Il y a de la cruauté, un peu. Il y a surtout une douleur sourde : celle qui accompagne la prise de conscience des personnages, tirés de la tour d’ivoire qu’ils se sont créés pour se protéger des déceptions du monde. Le rythme du film évoque Lubitsch. L’humour rappelle Hawks. Mais Cukor est un vrai, grand romantique, qui au fond ne filme que l’amour qui se reconstruit.
Une double histoire d’amour, même, qui se trompe, prend des chemins de traverse, des impasses même, avant que les deux couples que l’on attend depuis les premières minutes ne se forment enfin, ou presque, lors d’un mariage qui n’était pas fait pour eux. Une merveille, vraiment.
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