La Fille de D’Artagnan – de Bertrand Tavernier – 1994
Inattendu dans la carrière de Tavernier (qui ne manque pas de surprises, c’est vrai), ce film de cape et d’épées était conçu comme un hommage cinéphile au genre, et comme une manière pour le cinéaste de redonner du travail à Riccardo Freda, qui n’avait plus tourné depuis quatorze ans. Mais le vétéran italien n’avait plus la fougue nécessaire pour canaliser une Sophie Marceau très impliquée, et très désireuse de s’offrir un écrin à sa mesure.
Du coup, Tavernier a dû remplacer Freda, l’occasion pour lui de diriger une dernière fois son vieux complice Philippe Noiret. Ce qui est quand même l’aspect le plus enthousiasmant du film, dynamique mais mineur. La musique (de Philippe Sarde) est chouette, comme toujours dans les films de Tavernier. Les acteurs sont formidables, comme toujours dans les films de Tavernier. Noiret est surprenant et joyeusement gouleyant, Marceau est belle et investie, Claude Rich fait un méchant irrésistible…
Il faut saluer la générosité de l’entreprise, cette manière de s’ancrer dans une tradition du cinéma populaire depuis longtemps tombée aux oubliettes : des rebondissements, des scènes d’action, des poursuites, des duels à l’épée, des faux-semblants, une escalade clin-d’œil au Capitan… Un hommage décomplexé, mais qui manque aussi de ce supplément d’âme que l’on retrouve dans quasiment tous les Tavernier. Quasiment.
A vrai dire, le cinéaste semble moins intéressé par le personnage principal de son film, la fameuse fille de D’Artagnan, que par les mousquetaires eux-mêmes, vieilles badernes vieillissantes qui renouent avec l’aventure après des années de repos. Dans cette sympathique suite tardive, Noiret en D’Artagnan, quand même, voilà une idée de casting aussi inattendue qu’excitante, qui domine de loin les autres mousquetaires (Sami Frey quand même, est très bien en Aramis arrogant).
Petite curiosité fort sympathique, disons, et petite madeleine incontournable pour les quadra d’aujourd’hui.