Meurtre à bord (Dangerous Crossing) – de Joseph M. Newman – 1953
Une jeune femme et son mari fraîchement épousé embarquent à bord d’un bateau de croisière. A peine le paquebot a-t-il quitté le quai que l’homme disparaît. La jeune femme part à sa recherche, mais tout porte à croire qu’elle n’a jamais été accompagnée à bord…
Petit thriller malin et efficace dans la série des films de frousse paranoïaque. On pense au Mirage de Dmytryk. Celui-ci est nettement antérieur, et il est tout aussi prenant. Spécialiste de la série B, Joseph M. Newman tire le meilleur de son décor unique : ce vaste bateau qui finit par devenir anxiogène tant le mensonge ou la folie semblent omniprésents.
Newman est, il vrai, aidé par… des moyens limités. Son budget ne lui permet pas de montrer la mer ? Il écrase ses extérieurs d’une brume profonde du plus bel effet. Il ne peut se payer des figurants que pour une ou deux scènes ? L’héroïne ne croise qu’une petite poignée de personnages, toujours les mêmes, où qu’elle aille. Que ce soit un choix totalement délibéré ou induit par des questions économiques, qu’importe : le sentiment paranoïaque est de plus en plus fort.
Dommage que Newman ait intercalé à mi-film une courte conversation téléphonique qui dévoile la vérité. En ne quittant quasiment jamais le point de vue de la jeune femme, il fait planer le doute dans l’esprit du spectateur : a-t-elle vraiment un mari ? Ou celui-ci est-il le fruit de son imagination ?
C’est en tout cas un très beau rôle pour Jeanne Crain, superbe, qui porte vraiment le film sur ses épaules. Elle est presque de chaque plan, particulièrement intense dans les premières scènes lorsque la peur, puis la panique, s’emparent peu à peu d’elle. Newman la filme joliment, dominant de beaucoup Michael Rennie, un rien trop souriant en médecin énamouré.
Adapté d’une pièce de John Dickson Carr, ce suspense en haute mer est un voyage sous tension, passionnant et d’une efficacité redoutable.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.