Rivière sans retour (River of no return) – d’Otto Preminger – 1954
Le regard que porte Marylin Monroe sur Robert Mitchum quand ce dernier lui frotte la jambe pour la réchauffer… Il y a dans ce moment en suspens, entre deux des plus grandes et belles stars d’Hollywood, tout ce que la censure interdit de montrer, sommet à la fois de romantisme et d’attirance sexuelle.
Bon. River of no return est un chef d’œuvre. L’unique incursion de Preminger dans le western est une pure merveille du genre. Certes, les Indiens sont un rien caricaturaux, et ne sont d’ailleurs là que comme des prétextes pour précipiter nos héros sur la rivière du titre. OK, quelques transparences semblent aujourd’hui approximatives. Mais Preminger marie merveilleusement le grand spectacle que lui permettent ses gros moyens, et l’intimité la plus émouvante.
Il y a finalement peu de personnages : l’essentiel du film se concentre sur ce qui ressemble fort à une famille en construction : l’enfant, ce père qu’il découvre, et cette jeune chanteuse qui ne trouve pas sa place.
Oui, elle est chanteuse Marylin. Bien sûr, pourrions-nous ajouter. Et ses chansons sont parmi les plus beaux moments du film. La chanson titre, bien sûr, l’une des plus célèbres du western, mais aussi la première, dans ce saloon où le chaos cède la place à une chaude quiétude par la magie de sa voix, comme enveloppée dans de lents mouvements de caméra qui embrassent la chanson et l’arrivée de Matt, Mitchum. Superbe moment, fascinant.
Les scènes d’intérieur, rares, sont à cette image. Loin des lieux de débauche habituels du genre, Preminger crée des atmosphères chaleureuses et presque ouatées, havres de paix qui contrastent avec les paysages grandioses et magnifiques, mais pleins de dangers.
Grand film d’aventure, d’amour et d’initiation, grand couple de cinéma, grand plaisir, intemporel.
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