Le Champion (The Champ) – de King Vidor – 1931
Grand cinéaste du muet (immense, même), Vidor fait partie de ces rares réalisateurs dont le passage au parlant n’a absolument pas remis en cause ni l’excellence, ni l’ambition formelle. Ce Champion est certes plus convenu que son premier talkie Hallelujah, dans les thèmes abordés comme dans l’ampleur de la mise en scène, mais Vidor fait de ce drame bien dans la veine de Frances Marion un beau moment de cinéma, où le geste dépasse de loin le propos.
C’est flagrant dès la première scène, toute simple. Wallace Beery, ex-champion de boxe qui reprend l’entraînement, que l’on découvre faisant un footing derrière une voiture fatiguée, accompagné par son fils, Jacky Cooper. Rien de plus, pas d’enjeu dramatique fort. Mais cette simple scène dit déjà tout des rapports père/fils au cœur du film, et de l’approche du réalisateur, qui associe mouvement et sentiment dans un superbe travelling, pas si courant dans ces premières années du cinéma parlant.
Non, The Champ n’est pas un très grand Vidor. L’émotion a beau être grande, on sent la production taillée pour Wallace Beery, acteur sympathique et touchant (qui obtient l’Oscar pour ce rôle), mais au registre bien calibré. Et Frances Marion est une scénariste qui n’hésite jamais à rajouter des violons bien grinçants. L’histoire de ce garçon tiraillé entre son père et sa mère, le premier vivant pauvrement mais intensément, la seconde menant une vie de grande bourgeoise, n’est pas la plus délicate du monde. Mais on marche.
Comme on fond devant les larmes de Jacky Cooper, devant la culpabilité de Wallace Beery qui ne cesse de perdre au jeu le cheval de son fils, et devant l’aspect éphémère flagrant de ce paradis de l’enfance, dénué des règles habituelles de la société. Un Vidor mineur, mais diablement attachant.
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