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Falbalas – de Jacques Becker – 1945

Classé dans : 1940-1949,BECKER Jacques — 23 février, 2021 @ 8:00

Falbalas

Pour son troisième long métrage, Jacques Becker nous plonge dans les coulisses de la haute couture, pour un drame amoureux tendu et passionnant, qui est aussi un film sur les affres de la création.

Raymond Rouleau, déjà héros de Dernier Atout, le premier film de Becker, est un couturier jouisseur, qui domine son univers de petites mains tel un coq dans sa basse-cour. Un type séduisant, aucun doute. Mais surtout trop occupé par son désir de tout maîtriser pour s’attacher à cette chose si imprévisible qu’est l’humain.

Dans un restaurant bondé, il agit comme s’il était seul au monde. Et c’est bien ainsi qu’il vit, totalement indifférent aux émotions qui l’entourent. Il est odieux, simplement, sans même y penser, traitant ses modèles comme des pantins dépourvus de vie propre.

Et quand il rompt avec une énième petite amie, il le fait sans un mot, accrochant une nouvelle robe dans sa penderie : une robe pour chaque ex, comme un collectionneur ayant fait une nouvelle acquisition et déjà tourné vers la prochaine. Et lorsque la jeune femme s’en va, c’est la robe qu’il regarde en lâchant, dans un soupir : « ce n’était pas laid »…

Un homme qui ne voit pas le mal qu’il fait autour de lui, les grands yeux perdus de celle qui ne peut l’oublier (Françoise Lugagne, très émouvante), ou celui désapprobateur mais protecteur de son assistante (la grande Gabrielle Dorziat), et que l’amour finira par perdre : celui de Micheline Presle, dont l’image finira par se confondre avec celle d’un mannequin artificiel, avec qui il pourra être le créateur tout puissant qu’il s’imagine être.

Beau et troublant film, qui séduit aussi et surtout pour la manière dont Becker filme les coulisses de la haute couture, sa caméra passant des grands salons aux ateliers où s’affairent les petites mains autour de leur cheffe Jeanne Fusier-Gir, très attachante. Il y a de la vie dans ces scènes, où chaque détail sonne juste.

Détails et précisions pour le décor, mais un contexte plus général dont Becker ne sait curieusement pas trop quoi faire. L’action se déroule durant l’été 1943, comme le mentionne clairement un billet écrit par le couturier. Mais aucune allusion n’est faite à l’occupation, si ce n’est le vélo comme mode de transport pour les sorties nocturnes. Une « omission » qui rend ce film, si précis et vrai par ailleurs, étonnamment flou sur le fond…

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