Archimède le clochard – de Gilles Grangier – 1959
Jean Gabin est Archimède le clochard. C’est le titre du film, c’est aussi le résumé assez fidèle, et l’idée forte autour de laquelle tout le film est construit. Cette idée, c’est à Gabin lui-même qu’on la doit : « d’après l’idée de Jean Moncorgé » (son vrai nom), peut-on lire dans le générique.
Pour le scénario lui-même, ils s’y sont mis à trois, et on se demande un peu pourquoi, tant le film est anecdotique. Dans le sens où il semble n’être qu’une succession de petites anecdotes sans importance. Parmi les trois scénaristes, il y a Michel Audiard, et pour le coup on ne s’en plaint pas. Même s’il est toujours curieux d’entendre tout le monde parler cette langue si écrite, reconnaissons que les dialogues en question donnent rythme et corps aux situations.
Le film marque un tournant dans la carrière de Gabin, le point de départ d’une série de films un peu mous et vains, basés sur l’acteur lui-même et sur des pas grand-chose, et dont Grangier sera l’un des artisans, lui dont les films avec Gabin étaient jusqu’alors tous passionnants (Le Sang à la tête, Le Rouge est mis, Le Désordre et la nuit, pour ne citer que les plus récents).
Il y tenait, Gabin, à son rôle de clochard, qui lui donne l’occasion d’un numéro d’acteur inédit pour lui à cette période, et qu’il déclinera souvent par la suite : la grande gueule portée sur la boisson, quelque part entre l’anar et le réac. Dommage quand même que ce personnage ne soit pas traité avec plus d’ambition.
Le film vaut finalement pour les face-à-face entre Gabin et quelques seconds rôles qu’il croise plus ou moins longuement. Blier en cafetier rongé par la jalousie (il est toujours parfait Blier, quoi qu’il joue), Darry Cowl en camarade clochard au débit forcément impossible, Jacqueline Maillan en bourgeoise amusée, ou Paul Frankeur en brave restaurateur fatigué du mépris de ses clients. Belle galerie de personnages à qui manquerait juste un vrai scénario, et un ton un peu plus caustique que cette aimable comédie.
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