Ali Baba et les quarante voleurs – de Jacques Becker – 1954
Un mystère, quand même. Qu’est donc allé faire Jacques Becker dans cette entreprise ? Pourquoi donc a-t-il réalisé cette comédie taillée pour Fernandel, a priori très loin de ses ambitions habituelles, lui qui venait de tourner des films comme Casque d’or et Touchez pas au grisbi (sorti cette même année 1954). Ali Baba semble bien anecdotique, à côté de ces deux monuments.
Cela étant dit, si on se place du côté de Fernandel plutôt que de celui de Becker, Ali Baba est un film fort sympathique, et même l’un des meilleurs de l’acteur. Son éternel sourire tout en dents (et en gencives), ces membres qui ne demandent qu’à s’agiter dans tous les sens, cette générosité toujours prête à exploser dans de grands excès de bonté, ont rarement été aussi bien utilisés, ou servis, qu’ici.
Ali Baba est un beau film à voir en famille. Parce qu’il est relativement fidèle au célèbre conte des 1001 nuits, et que rien n’y manque : ni les voleurs, ni le contraste entre les riches et les pauvres, ni bien sûr le fameux sésame. Parce qu’il y a en arrière-plan une vision pas si naïve de la société, avec ce père qui vend sa fille au plus offrant, ces riches prêts à tout pour s’enrichir encore plus, ou ces pauvres qui oublient tous les principes face à la fortune qui tend les bras.
Il y a une vraie générosité dans cette comédie pleine de rythme et de rebondissements. Bien sûr, il manque assez curieusement la patte d’un auteur, qui aurait fait du film un peu plus que cet honnête divertissement. Mais on peut simplement partager les rires des enfants. Tout en remarquant que, le temps d’une courte scène, lorsque les bandits pénètrent dans le palais, Becker laisse entrevoir ce qu’aurait pu être le film, avec ces ombres qui se faufilent comme des évocations de l’imagerie orientale des 1001 nuits.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.