Micmacs à Tire-Larigots – de Jean-Pierre Jeunet – 2009
Des débuts enthousiasmants avec Marc Caro (Delicatessen et La Cité des enfants perdus), le rêve américain qui se réalise (Alien la résurrection), un triomphe (Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain), la concrétisation d’un projet porté depuis une décennie (Un long dimanche de fiançailles)… et après ? Après, Jean-Pierre Jeunet donne l’impression de recycler ses idées d’hier.
On pourrait se dire : pas grave, après tout, le recyclage est au cœur de cette histoire d’un paumé recueilli par une bande de joyeux chiffonniers vivant au cœur d’une montagne de déchets. Sauf que ses personnages, eux, réinventent les objets, leur donnant une vie nouvelle dans une sorte de plaidoyer foutraque pour le réemploi. Jeunet, lui, n’invente plus grand-chose.
Jusqu’à présent, tout en gardant son univers très personnel, mélange de drame intime, de poésie inventive et de magie toute cinématographique, Jeunet avait réussi à surprendre à chaque film. Sa joyeuse bande a beau être franchement sympathique autour de Dany Boon, Yolande Moreau, Jean-Pierre Marielle, Julie Ferrier et Omar Sy, on a beau retrouver le précieux et irrésistible Dominique Pinon (très grand, cette fois encore), la magie n’opère plus vraiment.
Quelques gags hilarants (l’homme canon, Dany Boon mimant les dialogues de The Big Sleep), beaucoup de trouvailles visuelles assez folles (l’idée même de cette antre sous des amas de ferraille), et même une réflexion rigolote sur la force évocatrice du cinéma (le faux voyage en avion)… Mais comme les dialogues impossibles d’Omar Sy, le film a un côté un peu trop mécanique, qui manque de spontanéité.
Ce qui séduit finalement, c’est la naïveté du propos, la sincérité décalée avec laquelle Jeunet s’attaque au lobby des armes. On sent son plaisir à mettre en scène ces paumés abandonnés par la société mener la guerre à deux marchands d’armes bien gratinés (André Dussolier et Nicolas Marié). Son plaisir est par moments communicatif. Par moments.
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