Maria Chapdelaine – de Julien Duvivier – 1934
Le Grand Nord canadien, la province de Québec loin des grandes villes… quelques familles ont fait le choix de vivre à l’écart de la civilisation, bûcherons ou trappeurs. Ils mènent une vie dure, simple mais harmonieuse, qui ressemble sans doute trait pour trait à celle de leurs aînés.
Un terrain de jeu passionnant pour Duvivier, le plus grand de nos cinéastes anthropologues. A sa manière, il choisit de tourner le film sur les lieux même de l’intrigue, dans des décors naturels dont il ne cache rien de la beauté ni de la rudesse. Dans cette nature sauvage, c’est surtout les hommes et les femmes qui intéressent Duvivier : leur quotidien, leur folklore, les longues soirées de ces hivers qui n’en finissent pas, les joies, les pleurs, les drames…
Au cœur du film, Maria Chapdelaine, toute jeune femme qui a toujours vécu dans ce décor, symbole d’un mode de vie menacé par le monde contemporain. Elle est tiraillée entre trois hommes : l’un lui offre une vie plus facile dans la grande ville, le deuxième une vie rude telle qu’elle l’a toujours vécue, et le troisième le grand amour.
Le dernier, c’est Jean Gabin, et c’est un film majeur pour lui. Parce qu’il marque sa première collaboration avec Julien Duvivier, et parce que cette rencontre sera un déclic pour l’acteur, qui ne tournera plus que des films majeurs dans les années à venir.
Pour l’heure, il retrouve Madeleine Renaud, sa partenaire idéale de La Belle Marinière et Le Tunnel. Et l’alchimie entre ces deux là est immédiate, parfaite. Tous deux n’ont que peu de scènes ensemble, mais Duvivier fait de leur relation la colonne vertébrale du film.
Frappant pour la peinture qu’il fait de cette communauté, le film est aussi passionnant par ses parti-pris esthétiques. Au réalisme des scènes en décors naturels, Duvivier ajoute des procédés purement cinématographiques : des surimpressions, de rapides plans de coupes, ou des transparences qui donnent vie aux souvenirs, aux pensées ou aux rêves de ces personnages confrontés à la solitude. Le résultat est une immersion fascinante dans ce monde rude et séduisant à la fois.
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