Batman, le défi (Batman returns) – de Tim Burton – 1992
Trois ans plus tôt, Tim Burton a remporté un véritable triomphe public avec son premier Batman, phénomène de société et succès à l’ampleur inattendue. Ce film original était déjà très personnel par sa noirceur, par les thèmes traités, par l’univers visuel… Pourtant, Burton n’avait pas pu imposer jusqu’au bout ses idées. Trop jeune, pas assez solide, il avait dû composer avec les attentes de la Warner.
Trois ont passé donc, et Tim Burton peut désormais mettre en avant ce succès et celui du très intime et sublime Edward aux mains d’argent. Une suite à Batman ? Avec plaisir, mais à sa manière, et avec toute la liberté qu’il réclame. Résultat : plus sombre, plus viscéral, plus trouble, Batman returns est une merveille, le meilleur de tous les Batman jusqu’à présent.
Un grand film de super-héros ? Avant tout un film de freaks, l’éternelle obsession de Tim Burton, poussée ici à l’extrême. Thématiquement comme visuellement, c’est l’un des films les plus aboutis de Burton, un de ceux qui résument le mieux la richesse de son univers gothique, et les thèmes qui reviennent film après film.
La paternité, la responsabilité, la différence surtout, et la difficulté pour ceux qui ne se sentent pas dans un moule de trouver leur place dans la société. Batman returns, derrière ses apparences cartoonesques et excessives, est un film furieusement ancré dans la réalité, dans ce qu’il dit des rapports sociaux : les puissants et les anonymes, les hommes et les femmes…
Danny De Vito est extraordinaire en « Pingouin », monstre pathétique qui ne s’est jamais remis d’avoir été abandonné par ses parents lorsqu’il était bébé. Et il y a surtout Michelle Pfeiffer, Catwoman définitive, sensuelle et tragique, symbole absolu du sentiment de révolte des femmes malmenées par l’éternel patriarcat. Selina Style n’est pas le premier personnage féministe, mais ce qu’elle annonce des combats féministes à venir reste d’une force étonnante, surtout dans un film de cette ampleur.
Le couple impossible qu’elle forme avec Bruce Wayne/Batman est la plus belle réussite du film. Trouble et vénéneuse, leur relation touche au sublime lors de la scène du bal, superbe séquence intime entre Michelle Pfeiffer et Michael Keaton, où les deux amants comprennent enfin qui ils sont vraiment, dans une sorte de belle d’espoir d’une beauté folle.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.