L’Ultime Razzia (The Killing) – de Stanley Kubrick – 1956
Un braquage soigneusement préparé, Sterling Hayden sur le fil, des chevaux comme horizons, un grain de sable qui vient enrayer la belle mécanique… The Killing serait presque une variation sur le thème de The Asphalt Jungle, s’il n’était pas un film aussi original et surprenant, en plus d’être une merveille.
Surprenant malgré la trame classique. Stanley Kubrick reconnaissait que « le sujet était mauvais ». Aidé au scénario par Jim Thompson, il fait de cette histoire de braquage dont on devine la fin dès les premières minutes un sommet du genre, et un film unique dans sa construction.
Kubrick ne fait ni le choix de la linéarité, ni celui des flash-backs traditionnels. Il joue plutôt sur de constants aller-retours temporels, avançant de trois jours, reculant de deux heures, au gré des changements constants de points de vue. Le résultat est un film au scénario apparemment éclaté, mais au final exceptionnellement ramassé. Cette construction à la fois libre et remarquablement précise permet de donner du corps, de la consistance, à tous les personnages, avec une économie de mots et de moyens exemplaires.
Pas de grandes phrases, peu de digressions : la préparation du casse et sa réalisation, rien de plus. Et pourtant, chacun des personnages est parfaitement dessiné, et apparaît dans toute son humanité. Elisha Cook, Marie Windsor, Ted de Corsia… Beaux seconds rôles autour de Sterling Hayden intense et résigné, dont Kubrick fait la pierre angulaire de son film. Une présence physique impressionnante, qu’il le plonge dans l’obscurité ou qu’il dissimule son visage derrière un masque de clown…
Kubrick signe avec The Killing son premier chef d’œuvre. Plein de promesses, ça… Parions que ça ne sera pas le dernier !
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