Au-delà des grilles (Le Mura di Malapaga) – de René Clément – 1948
Tourné en plein dans sa période « creuse », Au-delà des grilles est une belle occasion de relativiser le mauvaise réputation de ces années d’après-guerre de Gabin. Certes, il n’est plus (ou pas encore) au sommet, mais sa filmographie regorge de bons films à redécouvrir. Qui, pour certains, furent d’authentiques succès populaires à leur sortie
C’est le cas d’Au-delà des grilles, deux fois récompensé à Cannes, et Oscar du meilleur film étranger. Gabin y retrouve un rôle dans la lignée de ses glorieuses années 30 : un Français en fuite après avoir tué une femme, qui échoue à Gêne où il rencontre une jeune mère de famille (Isa Miranda).
Un Gabin à l’aura tragique, une histoire d’amour avec une femme aussi paumée que lui, un port et des envies d’ailleurs… Au-delà des grilles n’a pas la grandeur et la beauté de Quai des brumes, mais le film est passionnant dans sa manière de mettre en scène les laissés pour compte.
René Clément filme un Gêne en ruines, où les marques de la guerre sont partout. Ses personnages vivent dans une ancienne abbaye éventrée. Survivent, plutôt, s’entassant dans un décor de pierres et de poussières impressionnant. Il s’en dégage une humanité folle, dans toute sa complexité. Une voisine mesquine et médisante fait soudain front lorsque la menace extérieure guette, et c’est tout simplement beau.
Isa Miranda est joliment émouvante, se raccrochant à ce qu’elle croit être sa dernière chance d’être enfin heureuse. Prix d’interprétation à Cannes à la clé. Quant à Gabin, il est d’une justesse absolue, à la fois en terrain connu et quand même surprenant, jamais tout à fait le même.