L’Auberge rouge – de Claude Autant-Lara – 1951
L’Auberge rouge est inspiré d’un authentique fait divers : un couple d’aubergistes ardéchois qui, selon la rumeur, aurait assassiné plus de cinquante de leurs clients pour les dépouiller de leurs richesses, vers 1830. Rumeur sans doute exagérée, que le film de Claude Autant-Lara gonfle encore, avec une centaine de victimes.
Cette exagération fait partie intégrante du plaisir que procure le film. Son parti-pris n’est pas documentaire bien sûr, la présence de Fernandel au générique est un indice fort, mais la tradition orale, voire la chanson de geste comme l’annonce le superbe générique.
Sur un paysage de montagnes enneigées, tandis que le générique défile, la voix d’un jeune Yves Montand entonne une complainte qui raconte le terrible fait divers, évoquant un nombre de victimes inconnu… mille, peut-être. Superbe entrée en matière signée Jean Aurenche et Pierre Bost, fidèles scénaristes d’Autant-Lara.
Cette introduction annonce aussi une esthétique proche du réalisme poétique, belles images dramatiques en noir et blanc, qui tranchent avec le ton ironique, plein d’humour, d’excès, et d’irrévérence. Le personnage de Fernandel, déjà, moine obnubilé par la bonne chair, et un peu lâche.
La scène de la confession de l’aubergiste jouée par Françoise Rosay (son mari étant campé par Carette), derrière une grille à marrons, est sans doute la scène la plus célèbre du film. Elle est effectivement très drôle, mais le film est surtout marquant par sa manière d’égratigner tout ce qui ressemble à une institution : l’église bien sûr, mais aussi le mariage avec un prêche jubilatoire sur le couple, et la justice.
Entre la farce et la chronique sombre et grinçante, Autant-Lara trouve le ton juste, et offre à Fernandel l’un de ses meilleurs rôles, dans un film aussi drôle qu’inquiétant.
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