Un chien qui rapporte – de Jean Choux – 1931
Le chien qui rapporte du titre a été dressé par un maître désireux de se faire de l’argent facile pour rapporter de riches célibataires à des jeunes femmes libres… En l’occurrence à Arletty, quasi-débutante au look très daté années folles, et à la sensualité affolante, laissant plus que découvrir les formes de son corps…
L’histoire, adaptée d’une pièce de théâtre, a l’air un peu con comme ça. Elle l’est, franchement et sans réserve. On a autant de mal à croire à cette histoire de chien dressée qu’aux personnages eux-mêmes, pas franchement dégrossis. Mais le film de Jean Choux a d’autres intérêts.
Choux, surtout connu pour Jean de la Lune avec Michel Simon, est plus un formaliste qu’un raconteur d’histoires. Dans Un chien qui rapporte, il se permet des tas de petites audaces formelles plus ou moins convaincantes, mais dont on ne peut que saluer l’ambition.
Dès le générique, un détail annonce l’approche de Choux : outre la réalisation du film, Choux assure aussi le montage sonore. Et ce n’est finalement pas tant un détail que ça : ils ne sont pas si nombreux, les cinéastes de l’époque, à voir le cinéma comme un art global, où le son est aussi important que l’image. Choux expérimente, donne le sentiment de vouloir tout essayer, avec succès par moment, en vain à d’autres.
Il joue sur le son, donc, faisant résonner une sonnette de porte avec les images d’un rêve, avec le bruit d’un moulin à café qui n’en finit pas de tourner, ou des pas à l’étage du dessus… Il joue avec les cadres, se permettant d’étranges plans à l’envers, ou couchés. Il joue avec la vitesse, accélérant ou ralentissant le mouvement, et avec le montage, parfois syncopé, souvent audacieux.
Ou comment faire d’une histoire sans le moindre intérêt un terrain d’expérimentation assez excitant…
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