Entr’acte – de René Clair – 1924
Une danseuse à barbe, un canon qui se place seul, des hommes et des femmes en grands habits qui courent après un corbillard, un tir aux pigeons sur les toits de Paris, un mort qui sort de son cercueil pour faire disparaître les personnages les uns après les autres…
Les spectateurs de 1924 ont découvert René Clair avec ce court métrage tourné après Paris qui dort, mais sorti avant. Vraie curiosité, premier film à avoir été projeté dans le cadre d’un ballet, Relâche, spectacle dadaïste co-écrit par Francis Picabia, également scénariste de ce court métrage surréaliste.
Clair jour avec le pouvoir de l’image avec, déjà, une vraie maîtrise, utilisation des surimpressions, des plans renversés, des ralentis, et le montage comme l’art de confronter des images sans liens et de leur donner, si ce n’est un sens, au moins un effet.
Dans ce Paris où toutes les situations semblent sorties ou dérivées d’une fête foraine, Erik Satie (le compositeur) et Picabia bondissent (littéralement) autour d’un canon, Marcel Duchamp et Man Ray jouent aux échecs. Clair, lui, joue avec les images, avec une belle liberté.