Sixième édition (Front Page Woman) – de Michael Curtiz – 1935
Le féminisme a quand même nettement progressé depuis 1935. Dans Front Page Woman, Bette Davis est une sorte de symbole de la femme anticipée. Une jeune journaliste qui aspire à être reconnue en tant que telle. Un symbole fort ? Oui, si ce n’est que son envie profonde n’est pas vraiment d’être une grande journaliste, mais d’obtenir cette reconnaissance… après quoi elle pourra enterrer sa carrière naissante et jouer son vrai rôle de femme, en se mariant et en restant à la maison pour s’occuper du foyer…
Oui, c’était souvent comme ça que les films féministes se terminaient dans les années 1930. Alors forcément, ça laisse une certaine amertume. Disons qu’il convient de remettre dans le contexte… Front Page Woman n’est d’ailleurs pas un film militant, mais une comédie vive et enlevée, basée sur une pseudo-intrigue policière qui n’a guère d’intérêt.
Ce qui intéresse Michael Curtiz, c’est la rivalité vacharde et tendre à la fois de cette jeune femme et de son fiancé, George Brent, tous deux journalistes pour des journaux rivaux, bien décidés à trouver avant l’autre le coupable d’un mystérieux meurtre. De révélations en tromperies, l’intrigue avance par manchettes à la une interposées, les deux journaux (et les deux amoureux) se tirant continuellement la bourre.
Il y a en creux quelques thèmes forts : la responsabilité de la presse bien sûr, sérieusement mise à mal par les méthodes (et les erreurs) des deux héros, mais aussi celle des jurés que l’on aperçoit délibérer à la fin du procès, dans une sorte de brouillon inspirant de 12 hommes en colère.
Surtout, le film s’ouvre sur une séquence forte, dans le couloir de la mort, où on découvre une poignée de journalistes aguerris se préparant comme ils le peuvent avant d’assister à une énième exécution, grand moment dramatique dont on ne voit que l’effet qu’il procure sur ces hommes dans les minutes qui précédent.
La suite est nettement plus légère. Parfois emballante, parfois anodine. Un Curtiz mineur en tout cas, à une époque où le cinéaste enchaînait les films à un rythme fou (cinq longs métrages cette année-là, dont Capitaine Blood). Mais même mineur, un Curtiz réserve bien des plaisirs autour de son couple vedette.
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