Track of the Cat (id .) – de William A. Wellman – 1954
L’Etrange incident, La Ville abandonnée, Convoi de femmes… Non, ce n’est pas une énième liste des plus grands westerns que je commence là. Enfin si, mais il s’agit surtout de quelques-uns des précédents westerns signés Wellman, dont la participation au genre est aussi modeste en quantité qu’exceptionnelle par sa qualité.
Et c’est par un film fort étrange qu’il fait ses adieux au genre : avec ce Track of the Cat, western enneigé et passionnant, loin de tout ce qu’on peut en attendre, tellement déroutant qu’il n’est pas sorti en salles en France. Oui, il y a de vastes paysages couverts de neige, un danger omniprésent autour de cette ferme perdue dans les montages. Mais Wellman signe moins un film d’aventures comme il en a le secret qu’un drame familial, intime et intense.
Dans Track of the Cat, deux frères traquent une panthère qui menace le troupeau. Mais cette panthère que l’on ne verra jamais à l’écran a tout d’une chimère, de la statue symbolique, comme celle que Robert Mitchum, l’un des frères, emmène avec lui dans sa traque.
Quelle famille ! Mitchum d’abord, frère dominateur et castrateur, odieux et humiliant. Un grand rôle antipathique avant celui de La Nuit du chasseur, qui révèle in fine une fragilité bouleversante. Qui est le plus coupable dans cette famille qui se dévore ? Lui ? Son père qui noie l’échec de sa vie quotidienne dans l’alcool (il passe le film à sortir des bouteilles du moindre recoin de la maison) ? Ou sa mère, que l’on imagine d’abord en mère courage, mais qui se dévoile en égoïste monstrueuse. Rôle immense pour la grande Beulah Bondi.
Le personnage principal, c’est elle finalement, cette femme sèche et dominatrice, qui étouffe son mari et ses enfants, notamment le trop puéril cadet, joué par Tab Hunter (que Wellman retrouvera pour son ultime film, Lafayette Escadrille). Troublante, tant son regard est à la fois dur et cruel, et douloureux, brisé.
Beau film, tragique et plein de vie, sur la difficulté de s’émanciper, sur la violence et la radicalité de de devenir un homme. Wellman signe un film intime, mais ample, avec de superbes images où la couleur apparaît comme des tâches trop vives, qui bousculent l’équilibre glacé du paysage familier, ou familial. Ce western a du style…
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