Peur sur la ville – de Henri Verneuil – 1974
Henri Verneuil aime le cinéma américain, et ça se sent dans ce polar dont on voit bien qu’il doit beaucoup à Dirty Harry et French Connection, deux films alors récents qui ont dynamité le genre. Le film tient plutôt bien la route, et reste l’un des thrillers français les plus efficaces de l’époque.
Belmondo y est un flic obsessionnel qui enquête sur un détraqué qui sème la terreur à Paris, tuant de jeunes femmes à la sexualité trop libre à son goût. Sauf que l’obsession du flic, ce n’est pas cette enquête, mais la traque d’un caïd qui lui a échappé après un bain de sang, et qui réapparaît après une longue disparition.
Belle idée, cette obsession qui pousse le super-flic à bâcler son enquête, et à prendre les agissements du maniaque à la légère dans un premier temps. Cette idée, hélas, n’occupe Verneuil que pendant le premier tiers du film, après quoi il s’en désintéresse totalement, se recentrant sur les exploits physiques de son acteur principal.
C’est la faiblesse du film : la présence de Belmondo atténue la noirceur du personnage, Verneuil préférant multiplier les morceaux de bravoure qui mettent l’acteur-cascadeur en valeur. C’est aussi, paradoxalement, la force du film : l’histoire est simpliste et la résolution de l’intrigue franchement bâclée, mais ces morceaux de bravoure restent pour la plupart mémorables.
Qu’il gambade sur les toits de Paris ou sur un métro en marche, Belmondo a une présence physique incontestable. Verneuil sait le filmer dans l’action, comme il sait mettre en boîte une poignée de scènes à suspenses très efficaces et très sombres. Manque finalement un scénario vraiment solide et original, et un cinéaste à la vision bien structurée qui aurait donné au film la cohérence qui lui manque.
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