Diaboliquement vôtre – de Julien Duvivier – 1967
Après son premier film, voici le tout dernier de Julien Duvivier, qui mourra peu après le tournage. Entre Haceldama et Diaboliquement Vôtre, près de cinquante ans se sont écoulés, et Duvivier a signé un paquet de grands, voire très grands films. Ni l’un ni l’autre n’en font partie, mais ce dernier round, loin de ses chefs d’œuvre, ne manque pas d’intérêt.
Il y a le mystère, surtout, et le sourire cynique d’Alain Delon, amnésique après un accident de voiture qui découvre qu’il est marié, que sa femme est une bombe (Senta Berger), et qu’il vit dans un véritable château. Il est formidable, Delon, faisant de ce type qui pourrait être perdu dans sa mémoire disparue un homme qui, au fond, se réjouit de se découvrir si riche et de pouvoir coucher avec cette femme superbe dont il n’a aucun souvenir…
Cynique, arrogant, puis inquiet, Delon est parfait en victime plus ou moins consentante. Victime parce qu’il comprend vite que quelque chose de trouble se passe dans son immense propriété, où il vit reclus avec sa femme, un ami de la famille et leur domestique. Ces souvenirs qui reviennent par bribes sont-ils réels ? Et que sont ces voix qu’il entend dans son sommeil ? Et ces accidents qui se multiplient ?
Avec son érotisme sous-jacent et son étrange détachement, le film n’est pas le plus convaincant de son auteur. L’intrigue elle-même, qui semble si obscure dans un premier temps, se révèle finalement bien banale. Mais Duvivier trouve en Delon l’interprète idéal. Félin, séducteur, jouisseur, arrogant… Il apporte au film le trouble nécessaire.