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Archive pour novembre, 2020

Le Seigneur des Anneaux : la communauté de l’anneau (The Lord of the Rings : the fellowship of the ring) – de Peter Jackson – 2001

Posté : 10 novembre, 2020 @ 8:00 dans 2000-2009, FANTASTIQUE/SF, JACKSON Peter | Pas de commentaires »

Le Seigneur des Anneaux La Communauté de l'anneau

Presque vingt ans après, ce qui frappe le plus en revoyant le premier volet de cette adaptation, ce n’est pas tant l’ambition démesurée du projet que la sincérité avec laquelle Peter Jackson s’y est attelé. En authentique passionné de l’univers de Tolkien. C’était déjà ce qu’il y avait de plus enthousiasmant à découvrir le film lors de sa sortie en salles : Jackson donnait vie à ce que des générations de lecteurs avaient en tête depuis si longtemps. Comme s’il sortait ces images de nos propres têtes.

Ce qui frappe aussi, c’est à quel point le film fait la part belle aux trucages à l’ancienne. Il y a des effets numériques bien sûr, et quelques séquences qui semblent sortir tout droit d’un ordinateur : Christopher Lee, dans le rôle de Saroumane, a dû passer l’essentiel du tournage le concernant devant un fond bleu, sans profiter des incroyables décors créés en Nouvelle-Zélande, contrée idéale pour recréer la Terre du Milieu dans toute sa diversité.

Mais ce sont bien ces trucages à l’ancienne, réalisés directement sur le plateau, qui restent les plus spectaculaires aujourd’hui encore : l’utilisation d’enfants ou de nains, ou les jeux sur la profondeur de champs pour simuler la différence de taille entre les Hobbits et les autres personnages. Elijah Wood (Frodon) semble bel et bien être deux fois plus petits que Gandalf ou Aragorn.

Gandalf et Aragorn… Superbes personnages que leurs interprètent transforment en mythes du cinéma. Ian McKellen et Viggo Mortensen trouvent là des rôles comme on n’en trouve pas deux dans une carrière. Grandes figures du cinéma contemporain, pour lesquels ils n’étaient pourtant pas les premiers choix (Sean Connery et Stuart Townsend avaient été envisagés avant eux).

Le film fonctionne parfaitement dans son articulation entre le gigantisme et l’intime. Jackson a d’énormes moyens pour réaliser son rêve, mais il le fait constamment en amoureux du roman, qui connaît mieux que quiconque la Terre du Milieu. Comme un guide de voyage de pays qu’il aurait réellement arpenté, et dont il maîtriserait tous les recoins. Digne héritier de Tolkien, donc.

Digne héritier de Spielberg, aussi. Peter Jackson a ce sens du spectacle, cette capacité si rare à manier l’humour et la gravité, à mettre de l’humain dans les scènes les plus gigantesques, et à mettre sa virtuosité au service de l’efficacité dramatique, jamais comme un étalage de son propre génie. Cette virtuosité est souvent discrète, elle est particulièrement marquante dans la longue séquence de la Moria, la cité souterraine des nains, sommet dramatique de ce premier film.

En trois bonnes heures et demi (pour la version longue), ce premier volet de la trilogie a le temps d’installer les enjeux et les personnages. Mais cette durée hors du commun ne semble jamais trop longue : Jackson en fait un atout pour faire ressentir l’enjeu de cette histoire, et le poids démesuré qui repose sur les épaules d’un être si petit que Frodon.

Grand spectacle et quête intime… Ce premier volet du Seigneur des Anneaux tient toutes ses promesses. Vingt ans après, le film n’a rien perdu de sa magie et de son efficacité. La suite, vite…

Voir aussi : Les Deux Tours et Le Retour du Roi.

Barry Seal : American Traffic (American Made) – de Doug Liman – 2017

Posté : 9 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, CRUISE Tom, LIMAN Doug | Pas de commentaires »

Barry Seal

Entre la fin des années 70 et le milieu des années 80, Barry Seal s’est fait une immense fortune en livrant des armes en Amérique du Sud pour la CIA… et en livrant de la drogue pour le cartel de Medellin. Ce type avait quelques atouts pour ça : il était un pilote d’avion chevronné, et il avait une forte tendance à foncer avant de réfléchir.

C’est une histoire vraie (inspirée de… en tout cas), et c’est aussi pour Tom Cruise la dernière velléité en date (et avant un bon moment, vraisemblablement) de rappeler qu’il est un acteur complet et très doué, avide de nouveaux rôles et de défis autres que purement physiques.

Il prend ici un plaisir évident à jouer les types dénués de tout sens moral, s’amusant même de son image de fonceur pour camper le yes man un peu bas du front. Même son fameux sourire « dents blanches éclatantes » a quelque chose de too much, qui flirte avec l’idiotie. Pas dupe, Tom Cruise, finalement jamais aussi bon désormais que quand il se moque de lui-même.

Image qui semble tirée d’une VHS, musique d’époque, arrêts sur image, voix off insistante, retours en arrière rigolards… Doug Liman tente le pastiche, mais singe surtout le Scorsese de Goodfellas ou de Casino. L’ambition est là, il faut la saluer, et le pari est par moments réussi. Mais Liman n’est décidément pas Scorsese, et son film n’atteint jamais la puissance de ses modèles.

Finalement, le vrai sujet du film, ce n’est ni cette Amérique magouillarde du tournant des années 80, ni Barry Seal lui-même, mais Tom Cruise, la star et l’acteur. Barry Seal n’est réussi que pour sa prestation toute en ironie. Et pour rappeler l’acteur curieux et complet qu’il fut avant de devenir le plus grand des action heroes.

Le Sang à la tête – de Gilles Grangier – 1956

Posté : 8 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, d'après Simenon, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Sang à la tête

En état de grâce, Grangier, pour cette adaptation d’un roman de Simenon. On sait le réalisateur très inégal, mais ce film là est clairement l’un des sommets du gars, un film où ses défauts de certains films deviennent de grandes qualités. En gros : cette manière de ne rien filmer, qui s’apparente trop souvent à de la nonchalance.

Ici, ces riens sont pour le coup très simenoniens (ou simenonesques ?). Une manière de planter le décor, de nous rendre familier les personnages et leur environnement, tout en faisant grandir une tension, jusqu’à l’extrême.

Gabin est absolument formidable dans le rôle d’un ancien ouvrier du port de La Rochelle devenu bourgeois et patron à force de travail, dont la femme disparaît sans crier gare. Crime ? Tromperie… Grangier devient un digne double de Simenon, et met en scène les rumeurs, les mesquineries, la bourgeoisie un peu raide, comme les bouges grouillants de vie.

Le film est vrai, et fort. Gabin l’est aussi, d’une justesse parfaite, bien servi par les dialogues d’un Audiard qui, pour une fois, se met au service de l’atmosphère et des personnages au lieu de faire le malin. Pas de grandes répliques à glisser dans un almanach, donc, mais des mots qui frappent fort et qui sonnent juste. A l’image du film, donc, beau Grangier, belle adaptation de Simenon, belle peinture du port de La Rochelle, beau Gabin.

Crime et châtiment – de Georges Lampin – 1956

Posté : 7 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GABIN Jean, LAMPIN Georges | Pas de commentaires »

Crime et châtiment 1956

N’ayant pas lu le roman de Dostoïevski, je me garderai bien de lui comparer le film de Georges Lampin. Disons simplement que le scénario (contrairement à la précédente adaptation française, pour le film de Pierre Chenal) transpose l’action dans le Paris des années 50.

L’ambition est belle, et le film est assez irréprochable. Lampin met en images le Paris des laissés pour compte, des quartiers miséreux, des immeubles décrépis, et des personnages comme oubliés par la société. Robert Hossein, étudiant sans avenir qui tue une vieille usurière pour sa fortune présumée… ou pour autre chose ?

Autour de lui, une sœur, une mère, un ami, bons et plein d’empathie. Pauvres, prêts à accepter toutes les chances qui se présentent sans être trop regardants. Prête, pour la mère, à offrir sa fille à un vieux libidineux qui a pour lui d’avoir de l’argent.

Il y a dans ce Crime et Châtiment de belles intentions, une certaine intensité, quelques grands moments. La scène du crime tellement tendue qu’elle en est étouffante avec ce sang qui n’en finit pas de s’étendre. Un vieil alcoolique humilié devant ses enfants. Deux hommes qui se détestent mais se retrouvent autour d’un même secret, et d’un même dégoût de soi…

On vibre, on s’attache, on suffoque, on a envie, par moments, de crier avec ces personnages, de renverser cet ordre établi qui garantit aux riches comme aux pauvres de rester à leur place. Pourtant, cette révolte n’est jamais (ou si peu) vraiment incarnée.

Malgré toutes les qualités, la beauté plastique du film, l’intensité des interprétations, le film a quelque chose de trop lisse, trop glacé, trop sage, pas assez désespéré. La crasse elle-même paraît trop propre. Et comment croire à la misère sans issue d’une Marina Vlady à la jeunesse si pure ? Elle amène une dimension quasi-christique au film, transformant in fine la portée sociale déchirante en une sorte de prêchi-prêcha bien moins convaincant.

Une réussite en demi-teinte, portée quand même par une grande distribution. Carette, Gérard Blain, Hossein, Lino Ventura, Bernard Blier en gros dégueulasse, et Jean Gabin qui apparaît tardivement, en flic revenu de tout, taiseux et garant de l’ordre établi.

Pas le chef-d’œuvre qu’il aurait pu être, certes, mais cette adaptation ne manque pas d’ambition. C’est en tout cas une curiosité, ne serait-ce que dans la filmographie de Gabin.

Un homme est passé (Bad Day at Black Rock) – de John Sturges – 1955

Posté : 6 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, RYAN Robert, STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Un homme est passé

Black Rock… Charmante bourgade au milieu des plaines désertiques de l’Ouest américain. La deuxième guerre mondiale est terminée depuis deux mois, mais la ville semble être la même qu’aux grandes heures de la conquête de l’Ouest.

C’est dans ce lieu comme oublié par le temps qu’un homme descend du train, premier visiteur depuis quatre ans. En quelques heures seulement, cet étranger va réveiller un secret mal enfoui, déclenchant haine et mauvaise conscience…

John Sturges filme cette histoire comme un authentique western, genre dont il est un grand spécialiste. Mais s’y ajoute la mauvaise conscience d’un pays qui a maltraité sa population d’origine japonaise au lendemain de Pearl Harbor. Les camps créés pour les parquer comme des menaces intérieures sont évoquées. Au-delà, c’est tout le racisme et la violence liés à l’histoire du pays qui pèsent.

Sturges aborde cette culpabilité par le prisme du film de genre, western ou noir, qu’importe. Il le fait avec un dispositif dramatique qui confine à l’épure la plus totale. Unité de lieu, de temps, une demi-douzaine de personnages seulement (et quel casting : Robert Ryan, Ernest Borgnine, Lee Marvin, Walter Brennan, autour de Spencer Tracy). Mais le scénario est formidable, et la mise en scène d’une précision remarquable.

Un homme est passé (pour une fois, le titre français est bien plus beau et fort que le titre original) est aussi un modèle de tension et de suspense. Tracy est grand et garde longtemps le mystère sur la nature exacte de son personnage, simple visiteur ou… ? Grand film, à tous les niveaux.

Verdict – d’André Cayatte – 1974

Posté : 5 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1970-1979, CAYATTE André, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Verdict

Après Deux hommes dans la ville, Gabin enchaîne (pour son avant-dernier film) sur un autre drame consacré à la justice. Le film de Cayatte est moins ouvertement engagé que celui de Giovanni, il aborde tout de même le sujet de la peine de mort. Avec nuances, ou maladresse, selon la bienveillance que l’on veut bien avoir.

Gabin y est un juge sur le point de prendre sa retraite, dont le dernier procès est celui d’un jeune homme accusé d’avoir violé et assassiné une fille de bonne famille. La mère de l’accusé décide d’enlever la femme du juge pour obtenir l’acquittement de son fils. Entre le juge et la mère de l’accusé, jouée par Sophia Loren, se noue une relation ambiguë.

Cette relation n’est pas franchement très convaincante, comme si Cayatte avait voulu glisser dans la tête du spectateur l’idée même d’une relation hors du tems entre le sex-symbol italien des années 60 et le séducteur français d’avant-guerre. Difficile à avaler, face à un Gabin en bout de course, septuagénaire qui fait bien quinze ans de plus.

Mais le personnage de Gabin est assez intéressant, parce qu’il semble sincèrement mettre en doute trente-cinq ans de la pratique de la magistrature, alors qu’il est forcé d’adopter, comme il le dit, une ligne neutre et bienveillante.

En filigrane, et même frontalement dans les premières scènes de procès, c’est une justice pleine de préjugés qui apparaît. Et le fait que des flash-backs qui apparaissent tout au long du film nous confirment que l’accusé est coupable n’altère pas ce sentiment de voir une justice biaisée dans ses œuvres.

Au contraire, même. Verdict n’a pas tout à fait la force de Deux hommes dans la ville, malgré une dernière partie particulièrement tendue. Mais le film de Giovanni passait un peu à côté de son engagement anti-peine de mort en mettant en scène un innocent. Verdict prend l’exact contre-pied.

Sous le signe du taureau – de Gilles Grangier – 1969

Posté : 4 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Sous le signe du Taureau

Se lancer dans une intégrale Jean Gabin et enchaîner ses films permet de dénoncer quelques idées reçues : non, Gabin ne s’est pas enfermé dans un même rôle à la fin de sa carrière. Il a même gardé jusqu’au bout une envie manifeste de se renouveler, d’incarner de nouveaux personnages, et de varier les registres.

Il y a cela dit des nuances encombrantes, à commencer par cette fidélité jusqu’au-boutiste avec des réalisateurs au talent discutable. Grangier n’est pas le pire, mais il n’est ni Duvivier, ni Decoin, ni Renoir (à qui on pense brièvement lorsque Gabin retrouve Fernand Ledoux dans une scène sympathique, trente ans après La Bête Humaine). Sa mise en scène n’est pas pas la plus mollassonne de sa carrière, mais elle souffre d’un handicap de plus en plus lourd en cette fin des années 1960 : les dialogues d’Audiard.

Le dialoguiste peut être brillant. Mais il peut aussi être insupportable lorsqu’il sacrifie tout sens narratif et toute vérité dramatique au seul profit de bons mots trop écrits. Gabin en scientifique, c’est déjà une gageure. Mais avec ce verbe-là, populaire, lettré et ironique, c’est un naufrage assuré.

Voilà le principal problème de ce film qui promettait mieux sur le papier. Jamais on ne croit à cette histoire d’un scientifique qui court après des financements, parce que jamais on ne croit vraiment au personnage.

A de rares occasions, Gabin laisse entrapercevoir ce qu’aurait pu être le personnage (et le film) : un type inadapté aux contraintes économiques du monde dans lequel il vit. Une scène dans les embouteillages, où Gabin baisse la garde et affiche une réjouissante immaturité, parenthèse que rien n’annonçait, et qui n’aura pas vraiment de suite.

Sous le signe du Taureau a quand même tout du rendez-vous manqué. Il sonne aussi comme une fin d’époque pour Gabin qui connaît l’un de ses plus gros échecs populaires, et ne tournera plus avec Grangier, ni avec Audiard si ce n’est pour sa réalisation Le Drapeau noir flotte sur la marmite

Gas-Oil – de Gilles Grangier – 1955

Posté : 3 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Gas-Oil

On a connu Jeanne Moreau meilleure incarnation du féminisme que dans ce Gas-Oil. Elle y est une femme libre bien de son époque, pourtant, institutrice qui préfère prendre un amant plutôt qu’un mari. Audacieux ? Pas pour longtemps. L’objectif d’une vie de femme, c’est quand même avant tout de faire des bons petits plats pour son homme, et de se lever avant lui pour lui préparer son café…

Bon… C’est Audiard et Grangier au scénar, ceci explique en partie cela (le film est adapté d’un roman de Georges Bayle). Comme ça explique le rythme très tempéré du film : Grangier est un réalisateur qui n’aime pas trop bousculer ni ses acteurs, ni ses spectateurs.

D’une histoire digne d’un film noir (après une mauvaise rencontre de nuit, un routier sans histoire devient la cible de tueurs), Grangier tire une chronique nonchalante du quotidien de ces routiers qui se lèvent tôt, roulent des heures, et se retrouvent dans des petits restos de bord de route.

C’est parfois assez réussi, grâce à des petits détails qui soulignent l’aspect rude de ces vies : les réveils difficiles, le froid, la lassitude… Les comédiens, pour le coup, y sont pour quelque chose. Gabin en tête, bien sûr, qui a l’air de ne rien faire mais qui, mine de rien, renouvelle son personnage film après film. Il est touchant ici, lorsque le solide gaillard se met à minauder comme un ado devant son amoureuse, Moreau.

Mais quand même. Grangier prend son temps, privilégie les digressions à l’intrigue (au point qu’on finit par se demander s’il n’a pas oublié son histoire en cours de route), mais n’a pas grand-chose à montrer à côté. Surtout, il n’a pas le talent humaniste d’un Duvivier. Le résultat est donc plaisant, percutant à de rares moments (le guet-apens final sur la route), anodin à d’autres. Sympathique et inégal.

La Horse – de Pierre Granier-Deferre – 1970

Posté : 2 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1970-1979, GABIN Jean, GRANIER-DEFERRE Pierre | Pas de commentaires »

La Horse

Il est visuellement très laid, ce cinéma français là, des années 1970, tellement loin de l’esthétique soignée et des clairs-obscurs évocateurs des années 40. Avec ses lumières trop vives et ses couleurs ternes, La Horse est un film en apparence pas aimable, revêche, abrupt.

Sans aller jusqu’à imaginer que cette esthétique est un choix réfléchi et volontaire, l’image colle au moins au sujet, l’histoire d’une famille de fermiers dominée par la figure du patriarche, potentat familial austère et castrateur. Autrement dit Jean Gabin, regard froid et moue déterminée, qui ne fait rien pour rendre son personnage sympathique.

Pierre Granier-Deferre va droit au but, sans prendre le temps de poser ses personnages, ce qu’il fera en quelques scènes de repas, taiseuses mais évocatrices. Il est question d’un trafic de drogue, dans lequel le petit-fils de la maison s’est compromis. Mais papy Gabin a flairé le truc, et jeté pour deux millions de drogue… Un gangster se pointe, menace ce bon vieux si inoffensif, qui lui vide son fusil dans le buffet… Radical. Ce n’est que le début du film.

La violence est elle aussi brute, sèche et rapide. Curieusement, ce ne sont pas ces scènes qui frappent le plus, mais les rassemblements de la famille, les silences oppressants, les manières si brutales du patriarche, les vexations, la soumission…

Sous des allures de polar, voire de vigilante movie, La Horse est avant tout le portrait d’une communauté comme sortie d’un autre temps, qui fait bloc autour d’un secret sanglant, derrière ce patriarche et contre la société. Plutôt percutant.

La Marie du Port – de Marcel Carné – 1950

Posté : 1 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, CARNÉ Marcel, d'après Simenon, GABIN Jean | Pas de commentaires »

La Marie du Port

Douze ans après Quai des Brumes… Gabin, Carné, un port… OK : on voit venir le drame de loin. Le cinéaste et la star, tous deux en manque de succès, creusent un sillon qui leur a si bien réussi à leur heure de gloire. Mouais.

Sauf que non. La Marie du Port n’est pas un énième drame à la manière de. Une chronique entre deux âges, plutôt, une réflexion douce-amère sur le temps qui passe, sur les sentiments qui vont et qui viennent, sur les êtres qui changent, ou pas.

Enchaîner les Gabin de toutes les époques réserve bien des surprises, souvent heureuses. Cela permet surtout de réaliser à quel point, tout en peaufinant un personnage qui évolue au fil du temps, chaque film est l’occasion pour l’acteur de créer un vrai personnage, jamais vraiment le même contrairement aux reproches qu’on a pu lui faire.

Ici, Gabin est un sale con. Un séducteur vieillissant plus occupé à cultiver ce qui lui reste de charme qu’à développer son empathie. On le découvre accompagnant sa sœur jusqu’à un port où elle enterre son père, reconnaissant qu’il ne l’accompagne que parce qu’il a des affaires à régler sur place. Et flirtant avec la très jeune sœur de sa compagne sitôt l’enterrement fait.

Carné ne signe pas l’un de ses grands chefs d’œuvre (il en a fait de tels), mais cette adaptation de Simenon est passionnante, et bénéficie de décors formidables, d’un coin de port où se retrouvent les jeunes amoureux, à une grande brasserie pleine de vie à Cherbourg.

A défaut de retrouver la magie et la puissance de ses grands films d’avant-guerre, Carné surprend et séduit. Gabin est grand, la jeune Nicole Courcel est troublante. Les dialogues, superbes, jouent constamment sur les sous-entendus hyper-sexués. Vrai plaisir…

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