Play it again, Sam

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Archive pour novembre, 2020

Chaussure à son pied (Hobson’s choice) – de David Lean – 1954

Posté : 20 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, LEAN David | Pas de commentaires »

Chaussure à son pied

L’humour n’est pas ce qui caractérise le mieux la filmographie de David Lean, qui ne s’est attaqué à la comédie qu’à de rares occasions : pour L’Esprit s’amuse, sans doute celui de ses films qui a le plus vieilli, et pour ce Chaussure à son pied, nettement plus convaincant.

Charles Laughton y est le patron gargantuesque d’une boutique de chaussures, qui règne en maître sur sa maison et sur ses trois filles. Quand il se met en tête de maries ses deux cadettes – mais pas la plus âgée, trentenaire qu’il juge immariable – cette dernière décide d’épouser le cordonnier qui passe ses journées dans la cave, à fabriquer les chaussures…

Une vraie comédie, à laquelle Lean donne un rythme digne d’un Lubitsch. Le ton, la légèreté, tranchent avec les précédents films du cinéaste, ou surtout avec tous ceux qui vont suivre. Il dévoile en tout cas un talent insoupçonné de Lean, et marquera a posteriori une rupture dans son œuvre.

C’est son dernier film en noir et blanc, et le dernier de ses films « domestiques », avant qu’il ne se sent des envies d’ailleurs, qui apparaîtront dès son film suivant, Vacances à Venise. Si atypique dans le ton, Hobson’s choice marque aussi le sommet formel de ses premières années.

Dans cette comédie humaine, et joyeusement inconséquente, on retrouve ce qui faisait la force de la plupart de ses films : l’importance donnée aux décors, la manière dont Lean filme les habitations, comme des personnages à part entière. Trois décors principaux ici : la boutique d’Hobson, celle de sa fille, et le pub où Charles Laughton s’encanaille. Trois décors auxquels Lean apporte le même soin, et dont il tire des plans superbement composés.

Les quelques scènes extérieures aussi sont superbes, avec ces pavés humides omniprésents, cette misère ambiante qui cohabite avec l’étrangeté des rapports entre les personnages : ce père qui humilie sa fille, cette dernière qui impose son amour, et la romance qui se noue devant une rivière pleine de déchets, ou un caniveau ruisselant.

Lean décline l’esthétisme de ses adaptations de Dickens (De Grandes Espérances et Oliver Twist), pour en faire l’arrière plan très vivant d’une pure comédie. Le cocktail fonctionne parfaitement, et donne une petite merveille, le film le plus joyeux de son auteur.

1941 (id.) – de Steven Spielberg – 1979

Posté : 19 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

1941

Après Les Dents de la mer et Rencontre du 3e type, deux triomphes, Spielberg peut évidemment faire tout ce qu’il veut, de la manière qu’il veut, avec les moyens qu’il réclame. Le gars a des ailes, de l’ambition, et aucune limite. Ce qui donne… un OVNI démesuré et hallucinant, une folie au budget visiblement énorme, et à la ligne directrice très fine.

1941 est une curiosité dans l’œuvre de Spielberg. Certains seraient même tentés de dire une aberration : une accumulation de séquences de bravoure dont chacune pourrait être le point culminant d’un film lambda, une sorte de parodie démentielle de la notion même de blockbuster, ce principe que Spielberg a inventé avec Jaws.

Sans doute pas un hasard si 1941 commence par un copié-collé de son premier triomphe : une femme nue qui court sur la plage et se précipite dans l’océan où se cache… non, pas un requin : un sous-marin japonais, perdu le long de la côte californienne.

1941 joue sur la peur qui a soufflé sur la côte ouest américaine après l’attaque de Pearl Harbor : l’action du film se déroule six jours plus tard, près d’Hollywood. L’atmosphère paranoïaque y est, disons, très loin du Perfidia de James Ellroy, pour ceux qui connaissent…

Spielberg se sent pousser des ailes, donc. Chacun de ses plans semble démesuré. C’est vif, fou, généreux, mais ce n’est enthousiasmant que par bribes. Quand John Belushi apparaît notamment, hilarant en pilote d’avion déjanté et répugnant, et irrésistible. Ou Robert Stack, en officier qui pleure devant Dumbo

Beaucoup de gags ou de répliques énormes (« What’s that ? – It appears to be a large negro, sir. »… Ça m’a fait ma soirée, ça), une ampleur rare dans la folie… On aimerait l’adorer ce film, avec ce rythme incroyable et ce casting qui ne ressemble à rien (Christopher Lee, Toshiro Mifune, Treat William, Dan Aykroyd, Ned Beatty…). Mais le plaisir qu’on y prend est aussi immense que distendu, et le film manque d’un liant.

Trop de moyens, trop de personnages, trop de folie finalement. 1941 a un côté attraction foraine, revendiqué, un trip dont on finit quand même par se demander s’il n’a pas quelque chose du caprice d’enfant trop gâté. Une telle débauche de moyens à l’écran, ce n’est pas si courant.

Le Drapeau noir flotte sur la marmite – de Michel Audiard – 1971

Posté : 18 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, AUDIARD Michel, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Le Drapeau noir flotte sur la marmite

Les chemins d’une intégrale nous mènent parfois dans de drôles d’endroits. Ce que c’est, quand même, que le jusqu’au boutisme… Bon, ce Drapeau noir… n’augurait rien de bien réjouissant. Au moins n’est-on pas déçu. Audiard a déjà une fâcheuse tendance à agacer quand il s’écoute écrire, voilà qu’il se met en tête de passer derrière la caméra (ce n’est pas son premier film, mais c’est le premier que je vois). Et… comment dire…

A vrai dire, inutile de taper sur le réalisateur : Audiard n’a visiblement aucune ambition de ce côté là. Avec Le Drapeau noir flotte sur la marmite, c’est une sorte de réunion de famille qu’il propose. Il adapte (avec l’auteur) un roman de René Fallet, confie la musique à Brassens, et réunit des acteurs qui sont ses compagnons de route depuis longtemps. Carnet, Pousse, Gabin… La cantine devait être copieuse et bien arrosée, sur le tournage.

Gabin en vieux loup de mer, dont on comprend vite qu’il n’a jamais navigué, appelé à la rescousse par son neveu cheminot pour construire un bateau… L’histoire est très conne, mais finalement pas plus qu’une autre quand on y pense. Les personnages sont caricaturaux ? Oui, mais les comédiens sont assez réjouissants. Tout ça pour dire que, en dépit de tous les défauts, en dépit de la laideur des images (assez radicale), de la nullité de la mise en scène, de dialogues complaisants, il faut reconnaître au film quelque chose qui n’est pas vraiment du charme… du confort, peut-être.

Gabin n’a sans doute accepté le film que par pure amitié : il était alors passé à autre chose, abordant la dernière partie de sa carrière en s’éloignant des dialogues d’Audiard qui l’avaient tant marqué. Il en fait beaucoup, et avec une sincère gourmandise, comme une ultime récréation potache avant de se recentrer sur des rôles plus consistants. Il y a même une tendresse inattendue qui finit par se dégager de cette aventure pas si pathétique qu’on ne peut pas vraiment défendre, mais qu’on n’a pas non plus envie d’entasser.

Le Baron de l’écluse – de Jean Delannoy – 1960

Posté : 17 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, d'après Simenon, DELANNOY Jean, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Le Baron de l'écluse

Gabin… d’après Simenon… Deux noms dont l’association a souvent donné de belles choses, ne serait-ce que deux excellents Maigret (ici et ici) que venaient justement de réaliser Jean Delannoy. Sans avoir lu la nouvelle originale, on imagine bien ce qu’a fait Simenon de ce personnage de « baron » fauché qui vit au-dessus de ses moyens, flambant à Monte Carlo ou à Deauville, et découvrant une humanité plus simple et plus vraie près d’une petite écluse paumée de la Marne…

C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus réussi dans ce film : comme dans les livres de Simenon, des atmosphères liées à des lieux, dans lesquels on prend le temps de s’installer. L’écluse, surtout, où l’action arrive un peu tardivement, mais où le film gagne en épaisseur. La comédie légère de la première partie cède un peu la place à plus d’empathie… à une certaine tendresse, même.

Gabin y est donc un baron, pilier de la jet set, qui vit dans le luxe mais sans un sou en poche. Un « aventurier » superbe, et vieillissant. Il y a une pointe de nostalgie dans l’interprétation de Gabin : ce sourire affiché a la conscience du temps qui passe, et la volonté de garder de la légèreté, coûte que coûte.

C’est ainsi qu’il embarque une ancienne maîtresse (excellente Micheline Presle, délicieusement volage et intéressée) dans une croisière sur un bateau gagné au jeu. « Je n’ai jamais eu de bateau », lance-t-il comme un gamin devant un sapin de Noël. Mais le jeu se heurte à la réalité : un bateau, si beau soit-il, ça ne nourrit pas son homme, ni sa femme. Et tous les deux sont habitués à mener grand train en profitant de l’argent des autres…

Par bribes, le film séduit par la tendresse qui effleure entre Gabin et « Perle » (Micheline Presle), souvenir d’un passé flamboyant, ou la patronne du bar de l’écluse (Blanchette Brunoy), promesse d’un avenir apaisé. Mais la plupart du temps, les bonnes intentions sont gâchées par une mise en scène totalement aseptisée, sans relief, de Delannoy. Et étouffées par des dialogues envahissants d’Audiard, dans sa veine la plus tapageuse.

Reste le sourire de Gabin, son regard d’enfant, ce regard qu’on devine si bleu encore, même en noir et blanc.

Le Messager – de Raymond Rouleau – 1937

Posté : 16 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1930-1939, GABIN Jean, ROULEAU Raymond | Pas de commentaires »

Le Messager

Avant ? La Belle Equipe, Les Bas-Fonds, Pépé le Moko et La Grande Illusion. Après ? Gueule d’amour, Le Quai des brumes, La Bête humaine et Le Jour se lève. Forcément, coincé au milieu d’une telle série de chefs d’œuvre, ce Messager fait bien pâle figure dans la filmographie de Gabin.

Raymond Rouleau n’est ni Renoir, ni Grémillon, ni Carné… et encore moins Duvivier à qui on pense lors des scènes africaines du film, rêvant de ce que ce grand cinéaste anthropologue aurait fait de ces séquences. Autre chose, assurément, que ces épisodes colonialistes, complaisantes voire méprisantes envers ces bons nègres filmés comme des éléments de décors pittoresques, plus que comme des personnages à part entière. Aurait-on seulement eu l’idée de filmer une actrice blanche seins nus avec autant de complaisance ?

Gabin, directeur dynamique qui plaque tout, job, épouse et fortune, pour vivre le grand amour avec une jeune secrétaire, Gaby Morlay. Sans le sou, il doit accepter un boulot de dix-huit mis au cœur de l’Ouganda, seul, loin de tout, loin de sa jeune femme aimante. Quand la compagnie qui l’emploie lui envoie un jeune assistant (Jean-Pierre Aumont), il se confie, parle de « sa » Marie, soir après soir… A tel point que le jeune gars tombe amoureux de cette femme qu’il ne connaît même pas. Il n’y a bien que Gabin pour ne pas s’en rendre compte…

L’histoire est forte, mais le film est très inégal. Après une première partie légère et quasi-comique, assez étonnante (à défaut d’être totalement convaincante), le film gagne en épaisseur en même temps que Gabin, plus touchant dans sa solitude. Il y a des longueurs, des baisses de rythme, mais lui est impérial, et booste le film à chacune de ses apparitions.

Inégal, donc, mais Rouleau l’emporte au final, en réussissant sa conclusion, tendue, forte et très émouvante. Gaby Morlay, parfois exaspérante, y est très juste, à la hauteur de l’intensité que dégage Gabin, grand, même dans un film mineur.

Les Héros de Télémark (The Heroes of Telemark) – de Anthony Mann – 1965

Posté : 15 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, DOUGLAS Kirk, MANN Anthony | Pas de commentaires »

Les Héros de Télémark

En fin de carrière, Mann en a encore sous le pied. Cette troisième partie de son œuvre (les grosses productions des années 60, après les polars des années 40 et les westerns des années 50, pour faire simple) n’est pas la plus réputée, mais ce film de guerre qui remplit son cahier des charges d’un genre alors prolifique, rappelle constamment qu’il y a un grand cinéaste derrière la caméra.

Un film de commando, dont l’enjeu est l’issue de la seconde guerre mondiale, il y en a eu des tonnes cette décennie-là. Des grosses productions, où les explosions s’enchaînaient et où les Nazis tombaient comme des mouches. Celui-ci s’inscrit dans cette logique et donne au spectateur tout ce qu’il attend : de l’action, foudroyante ; des explosions, spectaculaires ; des drames… dramatiques.

Pourtant, il y a d’emblée quelque chose d’atypique. Cela tient en grande partie au décor : la Norvège et ses montagnes enneigées, que Mann filme comme il filmait les déserts brûlants dans ses westerns. Ce parallèle est particulièrement frappant lors de la poursuite à ski, où les Nazis qui apparaissent derrière un somment neigeux évoquent des Indiens dans d’autres paysages.

Le film frappe aussi par le silence qui domine une majorité de scènes. C’est d’ailleurs lié à ces décors couverts de neige, mais ce silence marque les esprits, tant le film de guerre est habituellement rempli de bruits et de fureur. Il faut dire aussi que Mann est particulièrement économe côté dialogues, filmant des personnages taiseux définis par leurs actions avant tout.

Peu de personnages, d’ailleurs : Kirk Douglas en scientifique (ah bon ? On a tendance à l’oublier tant c’est sa présence physique qui s’impose) embarqué malgré lui dans la Résistance ; Richard Harris en Norvégien décidé à lutter à tout prix contre le nazisme ; Ulla Jacobsson en ex-femme de Kirk et simple caution féminine ; Michael Redgrave en second rôle de luxe…

Leur mission : détruire une usine où est produite l’eau lourde qui pourrait donner la bombe atomique aux Allemands. Une usine qui domine une petite vallée comme un refuge impossible à atteindre. Le film raconte d’ailleurs non pas une opération commando, mais deux. Non, trois… Riche et original, le scénario réserve des tas de rebondissements inattendus, que Mann filme royalement. Un must, dans le genre.

Lune de miel mouvementée (Once upon a honeymoon) – de Leo McCarey – 1942

Posté : 14 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1940-1949, McCAREY Leo | Pas de commentaires »

Lune de miel mouvementée

Sorti la même année que Jeux dangereux, le film de Leo McCarey n’a pas la même renommée que le chef d’œuvre de Lubitsch. Il adopte pourtant la même approche, évoquant les ravages du nazisme sous l’angle de l’humour, avec un rythme de vraie comédie. Et côté rythme, McCarey n’a pas grand-chose à envier à Lubitsch.

Lune de miel… est quand même un peu plus problématique. McCarey donne l’impression d’avoir fait deux films radicalement différents, et de les avoir mélangés au petit bonheur la chance. Ce qui donne des ruptures de ton parfois savoureuses, lorsque le drame se noue uniquement autour du couple de héros. C’est nettement plus discutable quand McCarey met en scène les vraies victimes du nazisme, les Juifs d’Europe, réduits la plupart du temps à des silhouettes.

La scène où Ginger Rogers et Cary Grant se retrouvent enfermés dans un camps a beau être sincèrement émouvante, et justement pleine de sincérité, son esthétisme très léché, le maquillage parfait des deux stars, et la légèreté avec laquelle ils arrivent dans le camps et en sortent… Tout ça a quelque chose d’un peu gênant.

Mais le film est la plupart du temps assez réussi. Drôle, souvent, mais comment pourrait-il en être autrement avec deux acteurs comme Ginger Rogers et Cary Grant… Et avec de brusques accès de violence, parfois inattendus.

Le couple, bien sûr, fonctionne parfaitement. Ginger Rogers en jeune Américaine qui épouse un riche baron dont elle ignore qu’il est à la solde des nazis. Cary Grant en journaliste radio qui devient l’ange gardien de la belle. Tous deux se lancent dans une traversée d’Europe entrecoupée d’images d’actualités. Passage obligé dans les films de 1942, qui participent à leur manière à l’effort de guerre.

Mais c’est quand l’action se pose, quand McCarey prend le temps de développer la relation entre ses deux stars, que le film est le plus attachant, et le plus convaincant.

L’Âge ingrat – de Gilles Grangier – 1964

Posté : 13 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

L'Âge ingrat

Ils ont créé ensemble une maison de production, la GAFER (pour GAbin et FERnandel). Forcément, ils ne pouvaient pas ne pas en profiter pour se retrouver. Trente ans (et des poussières) après Les Gaietés de l’escadron, Gabin et Fernandel sont devenus les poids lourds du cinéma français, de véritables institutions qui s’offrent ensemble une sorte d’escapade aussi estivale qu’inconséquente.

Gabin embarque toute sa famille pour la Côte d’Azur, où ils vont passer leurs vacances chez Fernandel et toute sa famille : la fille du premier (Marie Dubois) doit épouser le fils du second (Franck Fernandel). première grande réunion de famille, avec rires et engueulades, et beaucoup de petits riens.

Et on ne s’en plaindra pas : c’est généralement dans les petits riens que Grangier s’épanouit le plus. Mais là, quand même, il y va fort dans la logique des petits riens, avec ses scénaristes (Pascal Jardin et Claude Sautet) : Gabin qui lutte contre un moustique en pleine nuit, Gabin et Fernandel qui vident des Pastis en terrasse, Gabin qui manœuvre pour rentrer sa voiture au garage…

Très anecdotique, et très inconséquent, donc. Très dispensable, aussi, même s’il y a un petit charme à voir Gabin incarner les hommes sans histoire, d’une banalité confondante. Fernandel, lui, est dans son registre habituel. Leurs retrouvailles finales, quand même, donnent un peu de fond à ce film-carte postale : une bluette autour de deux patriarches qui doivent accepter que leurs enfants ont grandi et qu’ils n’ont plus besoin d’eux.

Outsiders (The Outsiders) – de Francis Ford Coppola – 1983

Posté : 12 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1980-1989, COPPOLA Francis Ford, CRUISE Tom | Pas de commentaires »

Outsiders

Après le flop de Coup de cœur, Coppola devait trouver le bon sujet pour sauver sa société Zoetrope de la faillite… C’est un groupe d’étudiants qui le lui apporte sur un plateau, en lui demandant d’adapter cette histoire, quelque part entre West Side Story et Grease.

Loin de son univers, a priori : deux gangs de jeunes citadins qui s’affrontent. D’un côté, les Greasers, pauvres gamins sans argent et sans parents. De l’autre, les Socs, fils de riches vivants du bon côté de la ville, mais tout aussi paumés. Parce que quel que soit l’endroit d’où on le regarde, le coucher de soleil est le même, comme le dit l’un des personnages.

Les couchers de soleil… omniprésents et sublimes, comme le symbole d’une innocence perdue, de la perte, ou du début d’autre chose. Un symbole qui était déjà au cœur d’Autant en emporte le vent, auquel on pense fortement : pour les couleurs du crépuscule et ces superbes clairs obscurs, mais aussi parce que le libre lui-même revient régulièrement dans l’histoire.

De ce sujet improbable pour lui, Coppola tire un film d’une beauté renversante. Visuellement, donc, mais aussi et surtout pour cette déchirante nostalgie, ce sentiment de perte que Coppola instille par de longs plans d’une élégance folle, avec une utilisation magistrale et très subtiles de musiques et chansons célèbres (celles d’Elvis, notamment).

Totalement sous le charme de ce film tragique et superbe, et pas seulement pour son extraordinaire casting, qui voit les quasi-débuts de C. Thomas Howell, Matt Dillon, Rob Lowe, Ralph Macchio, Emilio Estevez, Patrick Swayze et Tom Cruise. De ce sujet presque anodin, Coppola tire tout simplement l’un de ses plus beaux films. Une merveille.

La Vierge du Rhin – de Gilles Grangier – 1953

Posté : 11 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

La Vierge du Rhin

Un port… une péniche… Encore, pourrait-on ajouter. Oui, mais ce décor va si bien à Gabin, au-delà des souvenirs qu’il renvoie depuis Quai des Brumes. La Vierge du Rhin n’est pas de ce niveau bien sûr : il n’a pas la même puissance dramatique, ni la même beauté formelle.

Mais quand même, le rythme forcément lent du transport fluvial va bien à Grangier, cinéaste nonchalant, jamais aussi à l’aise que quand il filme les temps morts. Les scènes de pur suspense et la course poursuite finale n’ont rien de honteux, mais sont tout juste fonctionnelles.

Grangier réussit nettement mieux tout ce qui tourne autour de Gabin lui-même. En partie parce que les autres acteurs (les actrices surtout, qui ont un rôle majeur mais manquent de naturel) ne sont pas à sa hauteur. Mais surtout parce que la lassitude de son personnage est faite pur la caméra languide du réalisateur.

Le côté polar est un peu tiré par les cheveux, mais le mystère qui entoure Gabin dans toute la première moitié du film fait mouche. Belle utilisation de la voix off, d’abord omniprésente : celle d’un personnage secondaire et antipathique, parti-pris pas franchement courant mais très séduisant.

Belle musique de Kosma aussi, qui donne à La Vierge du Rhin un joli aspect rétro, évoquant le Gabin d’avant-guerre, dont on croit apercevoir la silhouette, un peu plus massive, lorsqu’il apparaît la première fois, en arrière-plan…

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