Du haut en bas – de Georg Wilhelm Pabst – 1933
Quelques belles surprises dans cette première partie de carrière de Gabin, déjà tête d’affiche mais pas encore immense vedette. C’est devant la caméra de Pabst qu’on le retrouve ici, footballeur vedette tout en sourires et en muscles saillants, incarnation d’une jeunesse saine et ouverte, dans un film-chorale particulièrement malin.
Pabst pose sa caméra dans la cour d’un immeuble d’habitations, et n’en sortira pas. Du haut en bas, des combles au rez-de-chaussée, Pabst promène son regard, pénétrant dans la loge de la concierge comme dans un grand appartement bourgeois, passant d’un habitant à l’autre, d’une classe sociale à l’autre, dans un beau mouvement plutôt virtuose malgré quelques approximations techniques, et avec un séduisant mélange de gravité et de légèreté.
Il est question de déclassement, des difficultés de communiquer quand on vient de mondes différents, ou de nouer une vraie relation entre un homme purement physique et une femme purement intellectuelle… Pabst n’élude rien de la cruauté des rapports humains : il met en scène une jeune domestique harcelée par un patron libidineux, un avocat ruiné expulsé et poussé au suicide, ou encore un sans domicile fixe obligé de faire la manche pour survivre. Mais les situations les plus glauques donnent systématiquement lieu à une pirouette souriante et joyeuse.
Beaucoup de vie dans ces récits croisés, portés par une distribution étonnante. Autour de Gabin, pivot et moteur du film, on croise Michel Simon en excentrique sans le sou, Vladimir Sokoloff en agent immobilier au grand cœur, Pauline Carton en couturière aussi sèche que bienveillante, l’ancienne muse des Renoir père et fils Catherine Hessling en amoureuse déçue, et même Peter Lorre en mendiant, pour ce qui est sauf erreur son unique rôle en français, avant son exil américain.
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