Cécile est morte – de Maurice Tourneur – 1944
Entre deux Richard Pottier (Picpus et Les Caves du Majestic), c’est le grand Maurice Tourneur qui signe l’autre Maigret interprété par Albert Préjean. Et une fois qu’on a rappelé que l’acteur n’est pas le plus fidèle au personnage de Simenon, il faut souligner que le cinéaste s’empare du roman avec quelques libertés (notamment dans la construction du récit) pour en faire un excellent polar.
Peut-être pas très simenonien, certes : on ne retrouve ni la silhouette massive et traînante du commissaire, ni ce fameux sens de l’atmosphère. Mais un film policier plein de rythme, un whodunnit efficace et enlevé, auquel Préjean apporte son dynamisme. Dynamisme en contrepoint avec le « Je vais me coucher » qu’il lance tout au long du film, et auquel on a bien du mal à croire.
Alors oui, Gabin fera un Maigret fatigué nettement plus convaincant, mais Tourneur réussit son pari, en prenant ses distances avec l’œuvre originale. Pas dans l’intrigue, relativement fidèle, mais dans la manière de la traiter, avant tout comme un vrai suspense, avec des détails étonnamment brutaux : cette tête coupée que retrouvent les gamins dans la rue…
Il s’approprie l’intrigue par une mise en scène très inspirée, qui joue constamment des limites floues entre l’ombre et la lumière, dans de belles compositions d’images. Ce chouette polar, très stylisé, doit aussi beaucoup à son casting, impeccable comme souvent à l’époque, belle galerie de seconds rôles, notamment Gabriello et son débit impossible, un gag à lui seul. « C’est imp-pressionnant ! »
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