Le Seigneur des Anneaux : la communauté de l’anneau (The Lord of the Rings : the fellowship of the ring) – de Peter Jackson – 2001
Presque vingt ans après, ce qui frappe le plus en revoyant le premier volet de cette adaptation, ce n’est pas tant l’ambition démesurée du projet que la sincérité avec laquelle Peter Jackson s’y est attelé. En authentique passionné de l’univers de Tolkien. C’était déjà ce qu’il y avait de plus enthousiasmant à découvrir le film lors de sa sortie en salles : Jackson donnait vie à ce que des générations de lecteurs avaient en tête depuis si longtemps. Comme s’il sortait ces images de nos propres têtes.
Ce qui frappe aussi, c’est à quel point le film fait la part belle aux trucages à l’ancienne. Il y a des effets numériques bien sûr, et quelques séquences qui semblent sortir tout droit d’un ordinateur : Christopher Lee, dans le rôle de Saroumane, a dû passer l’essentiel du tournage le concernant devant un fond bleu, sans profiter des incroyables décors créés en Nouvelle-Zélande, contrée idéale pour recréer la Terre du Milieu dans toute sa diversité.
Mais ce sont bien ces trucages à l’ancienne, réalisés directement sur le plateau, qui restent les plus spectaculaires aujourd’hui encore : l’utilisation d’enfants ou de nains, ou les jeux sur la profondeur de champs pour simuler la différence de taille entre les Hobbits et les autres personnages. Elijah Wood (Frodon) semble bel et bien être deux fois plus petits que Gandalf ou Aragorn.
Gandalf et Aragorn… Superbes personnages que leurs interprètent transforment en mythes du cinéma. Ian McKellen et Viggo Mortensen trouvent là des rôles comme on n’en trouve pas deux dans une carrière. Grandes figures du cinéma contemporain, pour lesquels ils n’étaient pourtant pas les premiers choix (Sean Connery et Stuart Townsend avaient été envisagés avant eux).
Le film fonctionne parfaitement dans son articulation entre le gigantisme et l’intime. Jackson a d’énormes moyens pour réaliser son rêve, mais il le fait constamment en amoureux du roman, qui connaît mieux que quiconque la Terre du Milieu. Comme un guide de voyage de pays qu’il aurait réellement arpenté, et dont il maîtriserait tous les recoins. Digne héritier de Tolkien, donc.
Digne héritier de Spielberg, aussi. Peter Jackson a ce sens du spectacle, cette capacité si rare à manier l’humour et la gravité, à mettre de l’humain dans les scènes les plus gigantesques, et à mettre sa virtuosité au service de l’efficacité dramatique, jamais comme un étalage de son propre génie. Cette virtuosité est souvent discrète, elle est particulièrement marquante dans la longue séquence de la Moria, la cité souterraine des nains, sommet dramatique de ce premier film.
En trois bonnes heures et demi (pour la version longue), ce premier volet de la trilogie a le temps d’installer les enjeux et les personnages. Mais cette durée hors du commun ne semble jamais trop longue : Jackson en fait un atout pour faire ressentir l’enjeu de cette histoire, et le poids démesuré qui repose sur les épaules d’un être si petit que Frodon.
Grand spectacle et quête intime… Ce premier volet du Seigneur des Anneaux tient toutes ses promesses. Vingt ans après, le film n’a rien perdu de sa magie et de son efficacité. La suite, vite…
Voir aussi : Les Deux Tours et Le Retour du Roi.
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