Dark Waters (id.) – de Todd Haynes – 2019
Quelque part entre Spotlight et Zodiac… Toute une tradition du cinéma américain, héritée des années 70 et de la paranoïa post-Watergate : un film-enquête au long cours, basé sur une histoire vraie, le combat d’un petit avocat qui se dresse contre un tout puissant adversaire.
En l’occurrence, une grande compagnie chimique bien sous tout rapport : c’est à elle qu’on doit le téflon, ce produit miracle qui a « libéré la ménagère ». Sauf que cette belle entreprise pourvoyeuse d’emplois par milliers pollue l’eau et empoissonne ses employés depuis longtemps, sans rien faire pour y remédier.
Et c’est la difficulté juridique, administrative et même morale de bousculer cet ordre établi que film Todd Haynes, grand réalisateur qui réussit à prendre prenantes et bouleversantes de longues années sans le moindre rebondissement, ou des heures passées dans un local face à des rangées d’archives.
Visuellement, c’est somptueux, avec un montage d’une force rare, et une superbe utilisation de la musique qui distille l’émotion avec une grande intensité. Le film l’est extrêmement (intense), il est aussi profondément humain, avec une empathie de chaque instant pour les petits, les paysans filmés sans angélisme mais avec honnêteté.
Cette honnêteté à laquelle se raccroche le personnage de Mark Ruffalo, formidable en avocat dont la quête tourne à l’obsession. Homme de loi habité et père de famille incapable de partager le poids de sa « mission » avec sa femme (Anne Hathaway, parfaite elle aussi).
Todd Haynes réussit son film parce qu’il entremêle parfaitement le scandale qu’il révèle dans toute son énorme dimension, et la dimension humaine, constamment centrale.
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