La Belle Equipe – de Julien Duvivier – 1936
« Quand on s’promène au bord de l’eau, comme tout est beau, quel renouveau… » Pourquoi cette chanson est-elle l’une des plus marquantes de l’histoire du cinéma ? Tout bêtement parce qu’elle vous trotte dans la tête pendant des jours : je suis incapable de revoir le film sans la fredonner en boucle jusqu’à se prendre une baffe par vos voisins agacés… Aussi parce qu’elle est chantée par un Gabin au sommet, et parce qu’elle symbolise ce que lui-même symbolise : une certaine douceur de vivre, des rêves modestes, une idée de l’amitié et du bonheur…
La Belle Equipe a été érigé en film étendard du Front Populaire. C’est en partie vrai. Sorti en pleine révolution sociale, le film de Duvivier s’impose comme le totem de cette France des travailleurs qui aspire à son petit coin de paradis. La fin pessimiste voulue par Duvivier et son coscénariste Charles Spaak vient quand même tempérer la chose.
Cette fin pessimiste a d’ailleurs longtemps été invisible. Après sa sortie originale, le film a été remonté à la demande du producteur, mais avec l’accord de ses auteurs, pour une fin optimiste qui a été la seule visible pendant des décennies. Aujourd’hui, le débat est loin d’être tranché. Et il n’est pas anodin.
Je dois avouer une petite préférence pour la fin optimiste, ne serait-ce que parce que la pessimiste ne m’a jamais totalement convaincu. Elle est belle, terriblement triste (« C’était une belle idée »), mais sonne un peu faux par rapport à ce qu’est au fond La Belle Equipe, avant d’être le film du Front Populaire : une ode à l’amitié, à l’entraide. Un film presque naïf sur la camaraderie, plus forte que tout : cette nuit passée sur un toit, sous des trombes d’eau, en est l’aboutissement après bien des moments forts.
Et ça commence dès cette main posée par Gabin sur son ami Vanel, cafardeur. Ou avec Aimos, grande gueule joviale qui sait se faire grave pour aider un copain… Duvivier signe un film plein d’empathie. Il aime ses personnages, et ça se sent. Des hommes avec leurs fragilités, leurs défauts, leurs faiblesses… Une ode à la collectivité, une merveille qui donne envie de s’promener au bord de l’eau, tient…
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