Le Port du Désir – d’Edmond T. Gréville – 1955
Gabin sort de sa période creuse d’après-guerre (pas honteuse non plus) quand il tourne ce film noir sur le port de Marseille. Gréville n’est pas exactement au sommet, lui non plus. Ensemble, ils tournent un film qui leur ressemble. En mode mineur.
Très mineur, même, par moments, lorsque le montage semble aléatoire, l’intrigue cousue de fil blanc, et le rythme un peu mollasson. Et puis à d’autres, on retrouve la patte de Gréville, lorsque sa caméra se même à la foule du vieux port grouillant de vie. Plus en tout cas que quand il s’essaie maladroitement au suspense sur un terrain vague platement filmé.
Gabin, lui, est formidable, d’une justesse absolue en commandant de bateau entre deux âges qui semble revenu de tout. Il est souvent en second plan, mais sa présence dégage un naturel et une évidence qui sont l’apanage des très grands. Sans surjouer, sans faire le malin, il domine de la tête et des épaules une distribution pas super excitante.
Andrée Debar surtout, en jeune femme recherchant sa sœur disparue dans les bouges de Marseille, n’est pas une actrice éblouissante, encore moins inoubliable.
Quand même… Le film surprend par son atmosphère rude et désenchantée, par la manière dont Gréville filme les prostituées et suggère la sexualité. Les hommes sont des salauds, lance Gabin. Les femmes ne sont guère plus reluisantes, pour le coup, entre la danseuse prête à tout pour l’argent et la tenancière manipulatrice. Sombre, sombre.
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