Temps sans pitié (Time without pity) – de Joseph Losey – 1957
Un père ivrogne découvre à 24 heures de l’exécution que son fils a été condamné à mort. La séquence d’ouverture nous montrant clairement que le fils est innocent du meurtre pour lequel il a été condamné, mais aussi l’identité du vrai coupable, l’attention est entièrement tournée sur la course contre la montre désespérée d’un homme, écrivain et père raté, et alcoolique pathétique.
Avec ce personnage foncièrement détestable, Losey bouscule mine de rien ce qui sera pas loin d’un film de genre assez classique. Il adopte le point de vue de son antihéros, nous fait partager ses visions éthyliques, sa fatigue et son désespoir. Et c’est un exercice de style assez brillant et d’une redoutable efficacité.
Dès cette scène d’ouverture d’ailleurs, avec cette caméra qui semble cadrer à côté, ces ombres profondes, cette violence silencieuse, et cette musique qui nous plonge en plein malaise. Pur film noir sur le papier, dont Losey tire un film très européen dans son esthétique.
Quelques flottements, une poignée de plans inutilement virtuoses (les visages qui se reflètent dans le miroir de la voiture), un jeu d’acteur un rien théâtral par moments… Des petites réserves qui n’enlèvent pas grand-chose à la puissance dramatique du film, et à la prestation habitée de Michael Redgrave, qui se livre à 100 % dans ce rôle de père minable qui se rachète sur le fil. Le rythme du film adopte sa propre urgence, ses temps morts.
Avec l’omniprésente de montres, horloges et autres cadrans aussi pesants et insupportables que leur absence. Tendu, et puissant…
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