Le Président – d’Henri Verneuil – 1961
Un ancien président du Conseil vit sa retraite dans sa demeure reculée de l’Eure. Alors qu’il écrit ses mémoires, il se souvient de son dernier combat de président, de ses rêves prématurés d’Europe, de ses ambitions, et des trahisons…
Le Président est adapté d’un Simenon atypique. Pas de petites gens pour une fois, mais un homme qui fut tout puissant et que le cynisme a fini par vaincre… ou presque. Verneuil en tire un film un peu sage souvent, mais dont la langueur finit par créer un sentiment bien agréable, sur le fil.
Michel Audiard lui-même met plutôt la pédale douce. Quelques répliques sont mémorables (« Il y a des patrons de gauche, je vous l’apprends – Oui, comme il y a des poissons volants, mais ils ne dominent pas l’espèce ! »), mais les bons mots ne dominent jamais le sens.
Cette langueur de la retraite du président est émaillée de flash-backs plus tendus, plus passionnés : ce baroud d’honneur d’un Gabin fabuleux en chef d’état amoureux de son pays, qui affronte tout un parterre de politiciens intéressés lors de ce qui reste l’un des plus beaux discours politiques du cinéma.
Le film manque sans doute d’intensité, et la mise en scène de fièvre. Mais cette séquence de Gabin pointant du doigt les intérêts personnels et les connivences des députés, tout en vantant les mérites d’une Europe à construire, reste un superbe fantasme démocratique. De ces moments qui donnent envie de se lever et d’applaudir.
A l’inverse, Blier est formidable (lui aussi) en symbole de cette politique tournée vers l’ambition personnelle. Sa déroute, in fine, renforce la tendresse que l’on ressent pour ce vieux président, ravi d’en avoir encore sous le pied, malgré tout.
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