Man of Steel (id.) – de Zack Snyder – 2013
Ça commence fort : vingt minutes de purs effets spéciaux pour raconter la naissance de Kal-el, futur Superman, et la disparition de sa planète Krypton. La charge émotionnelle pourrait être intense, avec ce sacrifice des parents (dont Russell Crowe, héroïque). Zack Snyder en fait une soupe indigeste, visuellement d’une laideur assez abyssale.
Dès cette séquence d’ouverture apparaît, criante, la tare n°1 du film : Snyder a tellement peur d’ennuyer qu’il gave l’écran et son scénario, jusqu’à l’écœurement. Son film est trop tout : trop rapide, trop frénétique, trop touffu, trop bruyant.
On peut s’en foutre (je n’en suis pas loin). On peut aussi regretter que Snyder n’ait pas d’avantage fait confiance à son scénario et à ses personnages. Les vingt premières minutes passées, quelques pistes paraissent rétrospectivement assez intéressantes. Les premières scènes sur Terre, notamment, qui boudent la chronologie classique pour des allers-retours relativement audacieux… et tellement trop pleins de spectaculaire que toute émotion est tuée dans l’œuf, avec application et beaucoup de moyens.
C’est trop gros, trop rapide, trop noyé sous des effets spéciaux massifs qui font perdre le principal atout du film : ces rares moments où le fantastique s’inscrit dans une Amérique « normale », tangible, simple et physique. Quelques moments (même pas des scènes entières) tendent vers cet aspect. Les rôles de Diane Lane et Kevin Costner aussi en parents de l’Amérique profonde de Clark Kent.
Mais ces moments sont furtifs. Ce qui domine, c’est le gigantisme, ces interminables scènes de combat qu’on devine tirées à 98 % d’un ordinateur, où les coups et les morts ne font aucun effet. Il y a quelques belles ambitions, un vrai sens de la mise en scène (l’action, si touffue soit-elle, est toujours lisible, et ce n’est pas si courant). Mais il manque une âme, un cœur, un peu d’humanité.
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