Miquette et sa mère – de Henri-Georges Clouzot – 1950
S’il y a un genre auquel on n’associe pas immédiatement le nom de Clouzot, c’est bien la comédie. Même si son premier film, L’Assassin habite au 21, avait des éléments franchement comiques, le cinéaste a signé une œuvre quand même largement dominée par le drame. Lui-même, d’ailleurs, reconnaissait être dépourvu d’humour…
Pourtant, il y a ce Miquette et sa mère, adaptation d’un vaudeville plein de rythme et de répliques brillantes, une pure comédie qu’il signe après un exceptionnel trio de films noirs : L’Assassin… donc, et les chefs-d’œuvre Le Corbeau et Quai des Orfèvres. Précisions quand même que Clouzot n’a signé ce film que parce qu’il était lié par contrat, comme une bravade, avec une envie manifeste de surprendre.
Et il surprend, certes. Clouzot n’a pas d’humour ? C’est sans doute vrai, mais le texte existait déjà. Et pour le mettre en image, Clouzot prend des partis pris souvent extrêmes, avec la liberté d’un homme pour qui ce simple texte ne peut suffire. Alors il fait surjouer ses acteurs, qui cabotinent avec gourmandise, il adopte les codes du théâtre avec ces apartés face caméra, et même du film muet avec ces intertitres qui chapitrent l’histoire…
Une histoire de pur vaudeville : une romance contrariée, des quiproquos, une jeune femme et sa mère, provinciales, qui découvrent Paris et le monde du théâtre… Le plaisir repose en partie sur celui que prennent visiblement les acteurs, autour de Danièle Delorme et sa « mère » Mireille Perrey. Jouvet, Bourvil, Saturnin Fabre… Ils en font des tonnes, mais ce n’est jamais trop.
Clouzot filme ça avec une liberté et un rythme qui emportent tout, glissant doucement d’une esthétique de film noir dans les premières scènes à une pure folie bouillonnante dans les dernières minutes, où tous les personnages croisés en cours de route se retrouvent sur et autour de la scène.
De cette comédie de quiproquos assez classique, Clouzot tire un beau film plein de vie, et plein d’empathie pour ces personnes qu’il filme : les naïfs, les passionnés, les roublards, les comédiens ratés, et même les vieux cochons… Un Clouzot bienveillant et euphorique, eh oui !
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